
Rendements de staking sur Ethereum
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Ethereum a été lancé en 2015 en tant que protocole à preuve de travail (ou Proof of Work - PoW), tout comme le Bitcoin, obligeant les mineurs à résoudre des problèmes mathématiques complexes pour valider les transactions. Cependant, en septembre 2022, il est passé à un mécanisme de consensus par preuve d’enjeu (ou Proof of Stake - PoS) à travers une opération particulièrement attendue baptisée « The Merge ».
Au lieu de mineurs, Ethereum s’appuie sur des validateurs. Le protocole sélectionne au hasard un validateur pour créer un nouveau bloc de transactions, et en sélectionne d’autres pour en attester (confirmer) la validité. Pour participer, les validateurs doivent immobiliser ou staker un minimum de 32 Ethers (soit une valeur de 75 990 $ au 5 septembre 2024) dans un contrat intelligent. Plus le nombre de tokens stakés est élevé, meilleures sont les chances d’être sélectionné. Les pools de staking tels que Rocket Pool permettent à ceux qui ne peuvent atteindre ce seuil de contribuer à la gouvernance du protocole.
En échange, les validateurs reçoivent des « récompenses de bloc » sous la forme d’Ether, le token natif d’Ethereum. Par ailleurs, en confisquant une partie du montant staké par un validateur (un processus connu sous le nom de « slashing »), le protocole pénalise les comportements malveillants, comme le fait de ne pas valider des transactions ou d’attester des blocs invalides.
Cet article analyse d’où proviennent les récompenses de bloc et estime le rendement potentiel, en termes de pourcentage annuel, que les stakers peuvent s’attendre à gagner.
Sources des récompenses
Ethereum attribue des récompenses pour les tâches liées au consensus et l’exécution de transactions.
Récompenses du mécanisme de consensus
Au terme de chaque période de six minutes (ou Epoch), lors desquelles des blocs de transactions sont proposés et validés, le protocole récompense ou pénalise les validateurs en fonction de leur comportement.
Récompenses pour proposants : sélectionnés au hasard, les proposants sont des validateurs qui gagnent des récompenses pour avoir proposé le prochain bloc de la chaîne.
Récompenses pour attestateurs : les attestateurs sont des validateurs qui votent pour l’approbation des points de contrôle et des blocs proposés (à la fin de chaque Epoch) lorsque les transactions deviennent immuables. Étant donné que le protocole sélectionne chaque validateur une fois par Epoch, ces récompenses qui sont fréquemment versées représentent la majeure partie des rendements dégagés par les validateurs.
Comité de synchronisation : après 256 Epochs, soit environ 27 heures, le protocole sélectionne des validateurs pour former le comité de synchronisation, lequel est chargé de garantir que tous les nœuds (entités exécutant le logiciel Ethereum) disposent de la dernière version de la blockchain. Ces récompenses, bien que relativement importantes, représentent une part moindre des rendements globaux car elles sont moins fréquemment gagnées par les validateurs.
Étant donné que les récompenses destinées aux proposants et au comité de synchronisation sont plus aléatoires que celles attribuées aux attestateurs, leur valeur aux yeux des stakers fluctue généralement à court terme. Toutefois, on devrait assister à un rééquilibrage à long terme.
Récompenses pour l’exécution de tâches
Les récompenses versées pour l’exécution de tâches sont elles aussi variables. Elles dépendent grandement de la demande d’espace de bloc, le nombre de transactions que chaque bloc de la chaîne Ethereum peut contenir.
Pourboires (ou tips) : les utilisateurs peuvent payer des pourboires en plus de leurs frais de transaction, appelés frais de gaz (ou gas fees), pour encourager les validateurs à inclure leur transaction dans le bloc suivant.
Valeur extractible maximale (MEV) : les validateurs peuvent gagner de la MEV par l’inclusion, l’exclusion ou la réorganisation des transactions dans les blocs qu’ils créent. Des tiers appelés « chercheurs » identifient la plupart des opportunités de MEV et paient des frais de gaz supérieurs, qu’ils partagent avec les validateurs. Voici quelques exemples de ces opportunités :
Frontrunning : le frontrunner repère une transaction rentable en amont de son exécution et insère son propre ordre avec des frais de gaz supérieurs pour rendre sa transaction prioritaire.
Arbitrage : si deux exchanges décentralisés (DEX) répertorient le même token à des prix différents, le trader peut acheter le moins cher et le revendre sur l’autre DEX.
Liquidation : les emprunteurs doivent payer des frais de liquidation si la valeur de leur garantie fluctue et que l’intermédiaire doit la vendre pour rembourser les prêteurs. Les chercheurs surveillent les DEX et facturent ces frais en étant les premiers à traiter la transaction.
Rendements de staking ETH
Les récompenses pour l’exécution de tâches sont directement proportionnelles au nombre de transactions sur le protocole : un volume de transactions supérieur se traduit par des pourboires et des opportunités de MEV plus élevés. Ceci étant, les récompenses MEV ne sont disponibles que pour les validateurs exécutant un logiciel appelé MEV Boost qui leur permet d’externaliser la création de blocs. Actuellement, 89 % des validateurs utilisent ce logiciel, un pourcentage en constante augmentation. En revanche, les récompenses du mécanisme de consensus sont inversement liées au volume d’Ether staké sur le protocole.
Nous présentons ci-dessous un aperçu des rendements de staking ETH dans le contexte actuel du marché. L’émission représente l’ensemble des récompenses de consensus tandis que les récompenses pour l’exécution de tâches sont constituées de pourboires et de MEV :
La demande d’espace de bloc Ethereum est à des niveaux historiquement bas depuis que la mise à niveau Dencun a réduit jusqu’à 100 fois les frais sur les Layer 2 (chaînes qui traitent des transactions au nom du protocole d’origine pour pallier les déficiences). Bien que ce résultat laisse penser que la mise à niveau a été un énorme succès, la quantité d’Ether retirée de la circulation après avoir été utilisée pour les frais de transaction, connue sous le nom de taux de combustion, a diminué et gonflé l’offre globale.
À travers l’analyse de données historiques, CoinShares s’attend à ce que 320 000 validateurs rejoignent le réseau au cours de la prochaine année, ce qui établirait l’APR (Annual Percentage Rate ou taux annuel en pourcentage) gagné par les stakers à environ 2,8 %. Ceci étant, la communauté Ethereum a récemment initié des discussions autour de la modification du taux d’émission de nouveaux ETH par le protocole, ce qui pourrait avoir une incidence sur l’APR.
Non seulement le rendement de l’Ether fournit aux investisseurs un moyen de comparaison avec d’autres protocoles, mais il établit aussi un plancher pour les taux de prêt proposés par les applications financières décentralisées (DApps). Prêter étant plus risqué que staker, les DApps se montrent réticentes à fixer des taux d’intérêt inférieurs au rendement. En effet, en présence de taux plus bas, les investisseurs pourraient emprunter auprès des DApps et staker les fonds en vue de générer un rendement en tirant parti de cet écart.
Conclusion
CoinShares s’attend à une baisse du rendement d’Ethereum à mesure que les validateurs stakent davantage d’Ether. Compte tenu de la faible demande actuelle d’espace de bloc, les récompenses pour l’exécution de tâches sont susceptibles de représenter 80 % des rendements. Parallèlement, dans un contexte où les pools de staking tels que Lido gagnent en popularité, les validateurs continueront de rejoindre le réseau.