
Pourquoi il importe de surveiller la capitalisation boursière des cryptomonnaies
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La capitalisation boursière compte parmi les outils que les investisseurs en cryptomonnaies peuvent utiliser pour évaluer les opportunités. En effet, non seulement cette notion donne une idée du risque associé à la détention d’un coin, mais elle peut aussi servir de moyen de comparaison avec les classes d’actifs traditionnelles et notamment avec les métaux précieux, ce qui est particulièrement intéressant compte tenu du narratif selon lequel le Bitcoin serait de l’or numérique. En outre, la capitalisation boursière aide les investisseurs à élaborer un portefeuille diversifié. Cet article explique en quoi consiste la capitalisation boursière, pour le Bitcoin et les altcoins, et comment son utilisation favorise une prise de décision éclairée.
Comprendre la capitalisation boursière
La capitalisation boursière est une mesure qui sert à évaluer la taille d’une entreprise. Elle est obtenue en calculant la valeur de l’ensemble des actions émises par la société, c’est-à-dire les actions en circulation. À titre d’exemple, la société Apple compte 15 405 856 000 actions en circulation. Chacune valant 232,98 $ (en juillet 2024), la capitalisation boursière de l’entreprise s’élève à 3 572 milliards de dollars.
Les investisseurs classent les entreprises en trois catégories en fonction de leur capitalisation boursière, bien qu’il n’existe pas de norme sectorielle en la matière. Les grandes capitalisations valent généralement au moins 10 milliards de dollars, tandis que les sociétés à capitalisation moyenne se situent entre 2 et 10 milliards de dollars et les sociétés à capitalisation faible entre 250 millions et 2 milliards de dollars.
Si les investisseurs prêtent attention à la notion de capitalisation boursière, c’est parce qu’elle fournit des informations sur le type d’opportunités que représente l’entreprise en question. Les grandes capitalisations telles qu’Apple (la deuxième entreprise au monde en termes de capitalisation boursière, en juillet 2024) sont bien établies et engendrent des revenus réguliers. La probabilité qu’elles génèrent une croissance exponentielle étant faible, la majorité des rendements peuvent provenir des dividendes. À l’inverse, tandis que les sociétés à faible capitalisation peuvent impliquer une marge de croissance substantielle, ce potentiel s’accompagne d’un risque supérieur.
La capitalisation boursière peut également être appliquée aux marchés des cryptomonnaies. Le calcul prend alors en considération le nombre de coins en circulation au lieu des actions. Dans le cas du Bitcoin, avec 19 719 959 coins en circulation à un prix unitaire de 58 213,20 $, sa capitalisation boursière s’élève à 1 140 milliards de dollars (en juillet 2024). Les investisseurs utilisent cette mesure de la même manière que pour le marché boursier : les coins à forte capitalisation comme le Bitcoin et l’Ether (375 milliards de dollars en juillet 2024) sont considérés comme présentant un risque relativement faible (en termes crypto) en raison de leur liquidité. Quant aux coins à faible capitalisation, en particulier ceux qui figurent en bas de la fourchette de valorisation, leur durée de vie est susceptible d’être plus courte.
Comparaison entre cryptomonnaies et investissements traditionnels
L’indice S&P 500 regroupe les 500 plus grandes entreprises cotées en bourse aux États-Unis. Fort d’une capitalisation boursière de 45,84 mille milliards de dollars, il dépasse de très loin la valeur globale du marché des cryptomonnaies qui, selon CoinGecko, atteint 2,25 mille milliards de dollars (à ce jour). Depuis son lancement en 2009, le Bitcoin a souvent été comparé à une start-up technologique en raison de sa trajectoire de croissance et de sa nature disruptive. Ainsi, l’indice NASDAQ, particulièrement axé sur la technologie, constitue une autre référence de choix. Là encore, sa capitalisation boursière évaluée à TBC mille milliards de dollars (au [date]) est nettement supérieure à celle du marché des crypto-actifs.
Sachant que le Bitcoin se comporte de plus en plus comme une réserve de valeur à mesure qu’il mûrit, peut-être est-il plus approprié de le comparer aux marchés des métaux précieux. Initialement, l’or et l’argent servaient de moyens d’échange. Dans le cas de l’or, cette utilisation remonte au temps de l’Égypte antique, tandis que l’argent a gagné en popularité aux XVIe et XVIIe siècles en tant que composant principal de la piastre espagnole. La financiarisation de l’or s’est accélérée au XIXe siècle lorsque certains pays ont commencé à lier ce métal précieux à la valeur de monnaies fiduciaires telles que le dollar américain. L’étalon-or, tel qu’on l’appelait alors, a finalement été abandonné par les États-Unis en 1971, mais l’or avait su asseoir son statut de classe d’actifs à part entière. Même si aucun de ces métaux précieux ne sert de monnaie d’échange aujourd’hui, leurs propriétés intrinsèques (rareté, durabilité et divisibilité) ainsi que diverses autres utilisations, comme par exemple dans la joaillerie, font que les investisseurs les considèrent comme une réserve de valeur vers laquelle ils se tournent en cas de turbulences du marché ou d’épisode inflationniste.
Le Bitcoin partage de nombreux points communs avec une réserve de valeur. Certains estiment qu’il pourrait même être plus efficace que l’or en raison de sa nature numérique. L’offre de Bitcoin est plafonnée à 21 millions de coins, sa plus petite dénomination étant un Satoshi (0,00000001 BTC). Les investisseurs peuvent conserver leurs avoirs en BTC au sein d’un portefeuille numérique (contrairement à l’or qui doit être déposé dans un coffre-fort physique, ce qui augmente les coûts de transaction).
Les analystes de Goldman Sachs estiment que le Bitcoin peut potentiellement gagner des parts de marché en tant que réserve de valeur. L’or, l’actif individuel le plus important en termes de capitalisation (16,033 mille milliards de dollars en juillet 2024), compte une grande longueur d’avance sur le Bitcoin, contrairement à l’argent (1,76 mille milliards de dollars) qui, lui, est à portée de fusil. À l’échelle de l’histoire du Bitcoin, jouir d’une capitalisation boursière supérieure à celle de l’argent représenterait une nouvelle étape importante et renforcerait encore son statut de classe d’actifs à part entière.
L’importance de garder un œil sur la capitalisation
Outre son intérêt en matière d’évaluation des risques, la capitalisation boursière peut encourager les investisseurs à diversifier leurs portefeuilles. La prédominance du Bitcoin, c’est-à-dire la part qu’il représente sur le marché total des crypto-actifs, s’élève à 54,71 % (en juillet 2024). Malgré la stature et la liquidité du Bitcoin, les investisseurs seraient bien inspirés d’envisager de détenir des altcoins en parallèle, pour éviter que la chute du cours d’un actif n’ait un impact disproportionné sur les performances globales.
Alors que la blockchain du Bitcoin rattrape son retard en termes de fonctionnalités, une grande partie de l’innovation dans le monde des cryptomonnaies provient des altcoins, à l’image de GameFi et de la tokenisation d’actifs du monde réel. Comme mentionné précédemment, alors que ces altcoins représentent des capitalisations moyennes ou faibles par rapport au Bitcoin, leur potentiel de croissance est significatif.
CoinShares émet deux ETP (produits négociés en bourse) qui suivent des indices regroupant plusieurs coins : les ETP Physical Top 10 Crypto Market et Physical Smart Contract Platform.
La capitalisation boursière peut également servir d’indicateur de mouvement haussier ou baissier. Ainsi, une capitalisation boursière en hausse peut indiquer un changement positif de climat, comme ce fut le cas pour le Bitcoin entre octobre 2023 et mars 2024 en prévision du dernier halving en date et suite aux demandes de lancement d’ETF (fonds négociés en bourse) au comptant aux États-Unis, lesquelles ont été approuvées par la SEC (Securities and Exchange Commission) début 2024. Les investisseurs devraient toutefois observer de près ce que la communauté crypto appelle « l’altcoin season », un épisode durant lequel les altcoins connaissent des rendements supérieurs à ceux du Bitcoin. Le dernier épisode en date a eu lieu entre 2020 et 2021, lorsque les tokens non fongibles (NFT) ont gagné en importance et que la domination du Bitcoin est tombée à 40 %.
Conclusion
En finance traditionnelle, la capitalisation boursière mesure la taille d’une entreprise en fonction de la valeur de ses actions en circulation. Avant d’acheter une action, les investisseurs utilisent cette mesure pour évaluer le compromis entre les notions de risque et de rendement. La capitalisation peut aussi être appliquée aux cryptomonnaies, auquel cas la valeur du nombre total de coins en circulation est calculée.
Tandis que les investisseurs peuvent comparer la capitalisation boursière des cryptomonnaies avec celle des marchés boursiers, il peut s’avérer plus judicieux de la comparer avec celle des métaux précieux, étant donné le discours ambiant qui tend à faire du Bitcoin de « l’or numérique ». Alors que l’or est l’actif individuel le plus important en termes de capitalisation, le Bitcoin est en train de rattraper son retard sur l’argent, ce qui, à terme, renforcera son statut de véritable classe d’actifs.
La capitalisation boursière encourage en outre les investisseurs à constituer des portefeuilles diversifiés via la détention d’altcoins. Les changements de sentiment du marché, quant à eux, peuvent servir d’indicateur de mouvement haussier ou baissier.