
Interview: Lily Liu, présidente de la fondation Solana
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« Solana cherche à construire le meilleur écosystème pour les capitaux »
Zoug, Suisse. Cette ville entourée de montagnes, qui compte environ 30 000 habitants, était autrefois une terre agricole avant le début de l’industrialisation au 19e siècle. Aujourd’hui, elle est réputée pour être un lieu de prédilection pour les sièges des entreprises. Par exemple, le siège de Siemens Smart Infrastructure y est installé, à seulement huit minutes des bureaux de Johnson & Johnson AG, eux-mêmes situés à proximité de ceux de Landis+Gyr-Strasse. L’attrait de la ville est indéniable, offrant aux employés un environnement idéal pour la vie de famille : les sentiers de randonnée ne sont qu’à quelques minutes, les pistes de ski sont facilement accessibles, et le lac est un lieu de détente paisible pour les pauses déjeuner.
On pourrait toutefois être surpris d’apprendre que cette même ville est devenue une véritable plaque tournante pour les fondations impliquées dans les crypto-monnaies, un secteur que beaucoup considèrent encore comme tape-à-l’œil. Pourtant, c’est ici que l’Ethereum Foundation s’est implantée en 2014, suivie par des homologues comme Tezos, Parity (l’entité derrière le réseau Polkadot) et Taurus. Parmi les grands noms composant la Crypto Valley Association, la Fondation Solana se distingue par le succès de sa blockchain et de son token, qui ont été parmi les plus utilisés ces derniers mois. Et c’est naturellement à Zoug que sa présidente, Lily Liu, nous a accueillis.
Dans l’« Avanti Room » de notre charmant hôtel, elle est arrivée entre deux réunions de son agenda bien rempli. Pendant que notre vidéaste Brice finissait d’installer les lumières, nous avons pris le temps de discuter de sa vie personnelle ici, à Zoug. Elle décrit l’endroit comme « calme », un adjectif qui convient parfaitement à cette ville où il fait bon vivre.
Au moment de l’interview, Los Angeles était dévastée par les flammes, un « déchirement » pour cette Californienne d’origine. La veille, elle avait posté sur X : « C’est rageant et déchirant de voir la moitié de Los Angeles anéantie par l’incompétence, malgré la richesse et les ressources incomparables de l’État ». Mais la frustration est vite retombée lorsqu’elle a commencé à parler de Solana, le réseau qu’elle promeut inlassablement, convaincue de son potentiel à occuper une place centrale dans la finance. Cette interview a été adaptée pour des raisons de longueur et de clarté.
CoinShares : Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous vous êtes lancée dans Solana ?
Lily Liu : J’ai commencé avec Bitcoin, la place de cotation et le minage, ce qui a abouti à Earn.com, que j’ai vendu à Coinbase en 2018. Ensuite, j’ai passé quelques années à conseiller, à investir, à m’impliquer dans un certain nombre de choses différentes et, en 2021, j’ai commencé à utiliser la DeFi de Solana. Vous savez, de temps en temps, on s’intéresse aux nouveautés, aux évolutions récentes (...) Il y a cet important mouvement inspirant que le Bitcoin a lancé au départ, selon lequel la cryptographie vous donne plus de liberté dans un monde numérique, et puis il y a une notion encore plus large. Il ne s’agit pas uniquement d’une monnaie stable ou d’une réserve de valeur, n’est-ce pas ? Bien sûr, cela est très important et le Bitcoin accomplit un travail extraordinaire à cet égard, mais, en fin de compte, les deux seules actions que le Bitcoin pousse à entreprendre sont les suivantes : acheter ; et ne rien faire. Mais qu’en est-il de la vision ultérieure qui consiste à créer, à élaborer et à faire proliférer ces Capital markets sur Internet ? Pour cela, il vous faut deux éléments : la communauté et la technologie. Il faut également des smart contracts natifs et un élément culturel essentiel pour bâtir la communauté de développeurs, parce que l’open source sans une communauté de développeurs et de constructeurs ne vaut pas grand-chose, pas vrai ? Telle est la véritable valeur de l’open source. Donc, quand j’ai examiné la situation, j’ai pensé que Solana était probablement la solution la plus à même de répondre à ces attentes. C’était en 2021.
Pourriez-vous nous expliquer pourquoi Solana a-t-elle été créée ?
Anatoly Yakovenko a eu cette idée en 2017, 2018. À l’époque, les ICO¹ étaient en plein essor. Il y avait une sorte de frénésie spéculative très forte. Mais, vous savez, derrière toute frénésie spéculative, il y a toujours quelque chose de prometteur, susceptible de devenir très puissant à l’avenir, n’est-ce pas ? Tout a commencé en décembre 2017, avec CryptoKitties², cette application qui a littéralement cassé Ethereum. Il est devenu évident pour pratiquement tout le monde que la mise à l’échelle pour répondre aux très grandes aspirations de cet espace allait demander un certain travail. En 2017, 2018, un groupe de personnes a donc proposé différentes architectures pour pouvoir fournir, dans une sorte de réseau décentralisé légitime, de meilleures performances pour gérer la demande anticipée d’espace de bloc. Ce qui différenciait Solana dès le début et qui était considéré comme radical par un certain nombre de personnes, c’est que nous n’allions pas immédiatement vers une forme de sharding et de Layer 2, mais que nous essayions de nous concentrer sur un environnement d’exécution synchrone parallélisé. Il y a eu des débats interminables sur le plan technique, vraiment interminables, mais je pense que l’une des premières perspectives, qui est encore assez représentative de la singularité de Solana aujourd’hui, c’est qu’il y a toujours eu ce point de vue selon lequel cette technologie devrait soutenir des produits 10 fois plus utiles pour les gens. Lorsque j’examine d’autres écosystèmes, je constate qu’un grand nombre de personnes sont encore concentrées sur la construction d’infrastructures et de produits, et que les utilisateurs sont un peu laissés pour compte.
Solana fait encore l’objet de critiques, particulièrement en ce qui concerne sa supposée centralisation. Comment parvenez-vous à améliorer les différents compromis réalisés ?
Je pense que cette critique est tout simplement infondée aujourd’hui. J’ai entendu cela en 2020, 2021 et, bien sûr, dans l’année qui a suivi le lancement du réseau principal, c’était le cas. Je pense que toute blockchain lancée 12 mois après le lancement d’un réseau principal doit inévitablement passer par les premières étapes de la construction d’un réseau de validateurs. Aujourd’hui, nous avons atteint tellement de degrés différents d’avancement et de maturité au niveau du réseau. Je pense que beaucoup de gens veulent croire que Solana est un réseau encore très centralisé et qu’ils reprennent littéralement un récit de 2020, mais si vous regardez les faits, ce n’est pas la réalité.
Quels sont les indicateurs d’un réseau décentralisé ?
Nous avons envisagé la décentralisation du réseau à travers un certain nombre de facteurs différents : aujourd’hui, le réseau compte environ 2 000 nodes répartis dans le monde entier. Cependant, nous ne nous contentons pas de regarder le nombre de nodes, nous surveillons également le coefficient de Nakamoto, le nombre de validateurs qui contrôlent 33 % des enjeux, ce que nous pourrions appeler la super-minorité. Nous nous intéressons à la diversité ASN³, c’est-à-dire que nous voulons nous assurer que sur 100 nodes, il n’y en ait pas 50 qui soient gérés par Hetzner et l’autre moitié par AWS. Il faut également une diversité géographique. Il ne s’agit pas seulement de considérer les nodes gérés par des fournisseurs de services cloud, il est également important de considérer ceux qui sont gérés de manière indépendante sur des serveurs physiques (bare metal). C’est le genre de choses qui comptent vraiment. C’est pourquoi je pense que la critique sur la centralisation de Solana est fondée sur des informations qui datent d’il y a quatre ans et, de plus, qu’elle est souvent émise par des personnes n’ayant pas passé de temps dans l’écosystème de Solana au cours des quatre dernières années.
Comment Solana rivalise-t-elle avec les autres blockchains en termes de technologie ?
Il n’existe aucune autre blockchain disposant à la fois de la performance, de la communauté et de la feuille de route permettant d’améliorer considérablement le réseau au fil du temps. Améliorer le réseau ne se réduit pas au nombre de transactions par seconde (TPS), le nombre de nodes est un indicateur important de très haut niveau, mais il ne nous dit pas tout, n’est-ce pas ? Jusqu’à présent, dans le secteur, nous avons examiné les indicateurs en nous concentrant sur deux éléments : le nombre de nodes et la TVL. Ils jouent un rôle important, mais laissent de côté une bonne partie des éléments nécessaires à la construction d’un secteur solide. Tout d’abord, la concurrence est une très bonne chose. C’est ce qui rend chaque individu meilleur. Nous cherchons à construire la meilleure infrastructure, le meilleur écosystème pour les capitaux. Lorsque nous regardons autour de nous, nous voyons certaines des innovations que d’autres ont pu mettre en œuvre et la manière dont nous pouvons perfectionner Solana, soit la blockchain elle-même, soit les outils utilisés, afin d’améliorer l’expérience des validateurs, des développeurs et de tous ceux qui déploient des capitaux. C’est quelque chose qui nous tient particulièrement à cœur. En fin d’année, nous sommes devenus le numéro un en termes de capture de valeur économique réelle et de revenus d’application, ainsi que l’écosystème de développeurs à la croissance la plus rapide. Il s’agit là d’indicateurs très positifs. Nous avons la chance d’avoir une forte demande pour notre espace de bloc, c’est pourquoi nous avons fait d’énormes investissements dans Firedancer, notre deuxième client principal, dans Anza (société de développement de logiciels) et dans le lancement d’Agave (un client validateur).
Pouvez-vous nous expliquer comment Firedancer améliorera le réseau ?
Un événement majeur se produira en 2025 : l’intégration de Firedancer et d’Agave dans le réseau principal. C’est un grand défi pour notre réseau. Dans un environnement purement Firedancer, ils (les développeurs) ont pu atteindre un million de TPS avec une centaine de nodes en fonctionnement. C’est vraiment génial. À ma connaissance, il n’y a pas d’autres clients de blockchain en activité qui soient capables d’atteindre ce niveau de performance à l’heure actuelle. Toutefois, faire fonctionner le réseau principal et y intégrer Agave et Firedancer représentera une charge de travail supplémentaire importante. J’ignore donc si 2025 reflétera cette performance.
« Certaines des institutions les plus brillantes voient le potentiel de Solana »
Des institutions privées s’intéressent à Solana : BlackRock, Securitize, Société Générale... Qu’est-ce que cela révèle à propos de Solana ?
Si l’on revient à l’idée originale de la blockchain introduite par le Bitcoin, il y a cette idée d’une infrastructure financière mondiale accessible où, si vous disposez d’une connexion à Internet, vous pouvez accéder à une certaine forme d’infrastructure financière, contrairement aux systèmes financiers actuels, tous fondés sur une technologie analogique utilisée bien avant Internet. Le champ d’application potentiel des capital markets sur Internet est par définition plus large que ce que nous connaissons aujourd’hui : monnaie fiduciaire, fonds du marché monétaire, instruments de titres... Ce qui a été exprimé depuis au moins 10 ans, c’est la capacité d’émettre ces actifs sur une blockchain et s’il s’agit d’une forme de blockchain publique, alors vous avez potentiellement accès à la liquidity de 5 milliards de personnes, de 5 milliards de consommateurs. C’est un peu la grande vision. Je pense donc qu’il est formidable que certaines des institutions les plus brillantes et les plus respectées voient ce potentiel et considèrent Solana comme complémentaire à leur activité.
Je me souviens avoir vu Solana Pay en action lors d’une conférence française. Quel rôle pensez-vous que Solana jouera en tant qu’écosystème de paiement ?
Si l’on examine l’économie, on constate qu’il n’existe pas d’économie purement spéculative. En fin de compte, les gens veulent utiliser de l’argent. Ils veulent payer. Ils veulent épargner et investir. L’un des avantages de la finance numérique, de l’open finance et de l’argent programmable, c’est l’idée que l’on peut commencer à rassembler ces fonctions. Le principe de segmentation dont nous avons en quelque sorte hérité dans le monde plus traditionnel où, vous savez, si je me souviens bien, aux États-Unis, j’avais Venmo pour les paiements, puis Wells Fargo pour l’épargne et le compte de courtage Charles Schwab pour l’investissement, il s’agit de trois expériences totalement différentes, fortement cloisonnées. D’ailleurs, il est assez difficile de transférer de l’argent de l’un à l’autre. En revanche, si vous disposez d’un portefeuille autogéré avec des stablecoins, vous pouvez payer, épargner et investir en un seul geste très facile, vous voyez ? Voilà donc quelques-unes des nouvelles expériences des consommateurs en matière d’utilisation de l’argent qui, à mon avis, sont uniques. Les consommateurs veulent des expériences plus intégrées. Je pense que l’élément central le plus proche que nous avons est probablement les super apps qu’il y a en Asie, de WeChat à Grab. En réalité, ces dernières sont admirées par le monde technologique occidental. Solana Pay, dont la création remonte à il y a environ trois ans, a été l’une des premières solutions permettant aux commerçants d’utiliser des solutions crypto pour accepter des paiements. Cela fait partie d’une perspective plus large que nous avons sur les raisons pour lesquelles les crypto-monnaies sont importantes pour les paiements. Je suis très enthousiaste face à ce que nous pouvons faire avec les stablecoins, les paiements et les paiements programmables. Nous l’appelons PayFi : cette catégorie verticale plus large, qui n’est pas seulement une sorte de paiement marchand, mais une expérience intégrée comprenant les paiements, l’épargne et les investissements. Les stablecoins sont rapides, bon marché et constants : transactions réglées 24 h/24 et 7 j/7, vous n’avez pas besoin d’attendre les transactions Swift pendant les heures de travail aux États-Unis ou une banque correspondante qui peut prendre plusieurs jours pour traiter votre virement, en fonction de l’endroit où vous l’envoyez. Il s’agit vraiment de créer des solutions à valeur ajoutée pour créer des expériences fintech intégrées qui permettent à n’importe qui, n’importe où, de dépenser, d’épargner et de gagner de l’argent, et de faire fructifier ses actifs au fil du temps.
Solana est devenu un acteur majeur de l’écosystème DePin. Comment expliquez-vous cette évolution ?
Cette évolution se résume à de nombreux éléments qui se répètent constamment : une technologie performante avec un solide écosystème de constructeurs, véritablement axé sur la création de produits utiles. Cela se traduit de différentes manières. Nous connaissons l’équipe Helium depuis un bon moment. Ils étaient la coqueluche du dernier cycle (2021-22) et construisent des choses incroyables depuis longtemps. Ils ont rejoint Solana, reconnaissant qu’ils construiraient un meilleur produit plutôt que d’essayer de développer la blockchain en parallèle. Lorsque vous construisez votre propre blockchain, vous devez non seulement développer la technologie, mais aussi la communauté, attirer les constructeurs, etc. C’est beaucoup de travail et le temps investi par cette équipe pourrait être mieux utilisé. C’est le pari qu’a fait Helium. Leur token est sur Solana et ils construisent des produits fantastiques. Ils ont été le premier projet DePin à passer sur Solana, et nous ne cesserons jamais d’applaudir Helium pour cela. En ce qui concerne l’arrivée d’autres projets, cela commence par la nécessité de disposer d’un token sur une blockchain performante. Pour un projet DePin, je devrais avoir des milliers de nodes pour disposer d’un réseau sécurisé et d’un écosystème intégré avec des constructeurs et des utilisateurs, et lorsque vous ajoutez tout cela, ce n’est pas vraiment un ensemble très développé pour le moment.
Pensez-vous que Solana devrait essayer de se distancer des memecoins et des plateformes telles que Pump.fun ?
Internet doit-il prendre ses distances avec, disons, Onlyfans ? Et tout d’abord, qui est Internet ? Certaines personnes au sein d’Internet s’éloignent de certaines choses ou les adoptent, peu importe, il s’agit d’un spectre complet d’opinions différentes. C’est ça, être une plateforme ouverte à l’heure actuelle. Il s’agit d’un débat quotidien et constant. Et, bien entendu, cela existe dans tout système ouvert. Je pense que les memecoins se situent sur ce spectre de différents contenus financiers. Nous disposons de tout le spectre, avec d’un côté les fonds du marché monétaire de certaines de nos institutions les plus respectées et, de l’autre côté, les memecoins qui suscitent des opinions divergentes. Je m’attends à observer cela dans tout système ouvert. En tant que fondation, nous n’avons aucun contrôle là-dessus. En tant qu’écosystème plus large, nous possédons une diversité d’opinions différentes et c’est comme ça, de la même manière que nous avons une grande variété d’opinions dans les publications sur Twitter, Facebook, certaines applications qui existent sur Internet, que vous aimez ou n’aimez pas.
Dans un podcast animé par Laura Shin, vous avez déclaré que Base ne pouvait pas rivaliser avec Solana. Êtes-vous toujours de cet avis ?
Oui. J’ai toujours défendu cette position. Toutefois, pour nuancer ce point de vue, je dirais que la raison principale est que le moteur de la blockchain Bitcoin et de la crypto-monnaie, depuis le début, explore le spectre de la propriété individuelle et communautaire. J’ai, bien sûr, beaucoup de respect pour tous ceux qui construisent quoi que ce soit dans cet écosystème. C’est vraiment difficile. En mettant de côté les débats animés des réseaux sociaux, ce que je veux dire, c’est qu’une blockchain comme Base est une L2. Ce sont des choses fondamentalement différentes. En définitive, Base est détenue par une entreprise et il n’y a rien de mal à cela. Seulement, le développement futur de Base en tant que réseau sera fortement influencé par ses parties prenantes. Je ne dis pas cela de manière critique, je souligne simplement un fait évident, à savoir que la L2 de Coinbase, appelée Base, a une forte dimension corporative. Il n’y a rien de controversé dans ce commentaire, nous parlons d’un très bon produit, mais qui a un ensemble d’acteurs différents.
Comment expliquer que Solana ait rebondi de cette manière après la chute de FTX ?
En réalité, c’est à la fois une bonne histoire et une histoire terriblement ennuyeuse. Après la chute de FTX, le token Sol est descendu à 8 ou 9 dollars et beaucoup de gens ont considéré Solana comme morte. Mais au sein de la communauté, du haut en bas de l’échelle, ce qui n’a jamais vraiment changé, c’est que personne n’est parti et que tout le monde a continué à construire, dans les hauts comme dans les bas. Oui, il y avait plus de stress, les émotions étaient un peu différentes, mais personne n’est parti, et personne n’a jamais eu l’intention de partir. Donc, dans cette optique, les choses semblaient très stables, et nous nous sommes tous dit : « Bon, il est temps de reconstruire ». Cela met vraiment à l’épreuve le caractère des individus et d’une communauté. C’était un moment très difficile, qui a mis en lumière la nature résiliente de tant de personnes à Solana. En fait, beaucoup de personnes étaient enthousiastes : c’était l’occasion de construire de nouvelles choses. À chaque période de crise, certaines personnes se résignent et d’autres redoublent d’efforts.
Pourriez-vous détailler le rôle de la fondation au sein du réseau ?
Le rôle d’une fondation est en quelque sorte unique dans le domaine de la crypto-monnaie. Cela n’existe pas vraiment ailleurs. Le rôle le plus typique d’une fondation est de financer le développement de biens publics : le bien public le plus important que nous avons sont les clients validateurs, car sans eux, il n’y a pas de blockchain et les développeurs n’ont pas de tâche à accomplir. La chose la plus importante dans laquelle nous pouvons investir est la santé du réseau et l’outillage pour améliorer Solana, la rendre plus efficace, plus rapide et plus conviviale pour les développeurs. Toutefois, il y a un certain nombre de choses que nous ne voulons pas faire, comme construire nous-mêmes des produits à des fins lucratives. Ce n’est pas à nous de le faire. Donc, lorsqu’il s’agit d’investir dans des projets qui s’appuient sur Solana, nous préférons toujours que ce soit des capitaux privés qui réalisent ces investissements. Le modèle de développement qui se rapproche le plus de notre façon de penser n’est pas celui des entreprises, ce n’est pas la façon dont les gens construisent Google, Uber ou Facebook, mais plutôt la façon dont Singapour se construit au fil du temps, la façon dont les Émirats arabes unis se sont construits au fil du temps pour devenir une économie très solide.
L’inflation liée à l’émission de tokens est souvent évoquée dans le contexte de Solana. S’agit-il d’un défi pour apporter de la valeur aux détenteurs de tokens ?
L’inflation est conçue pour diminuer au fil du temps et je pense qu’il s’agit également d’un point de discussion intéressant, car si l’on revient aux différentes sous-économies au sein d’un écosystème blockchain, il y a le réseau de validateurs, les créateurs d’applications et les détenteurs de tokens. Dans un écosystème en bonne santé, ces trois éléments doivent être solides et rentables de manière immédiate. Cela dit, étant donné qu’il s’agit d’économies intégrées, il faudra parfois penser à des compromis, de la même manière que l’architecture du réseau de Solana a dû faire des compromis à ses débuts. Il se peut donc que l’économie ne soit pas optimisée au fil du temps, mais une partie de l’écosystème des investisseurs considère les crypto-monnaies comme une classe d’actifs émergente et de nombreux investisseurs voient cette inflation comme un rendement potentiel, ce qui est en réalité très intéressant pour les déploiements de capitaux. Le liquid staking a suscité beaucoup d’intérêt, et avec cette opportunité économique supplémentaire au niveau du validateur, qui vient avec les Jito bundles, MEV, cela devient très intéressant du point de vue des capital markets.
Comment voyez-vous l’avenir de Solana ?
Il a toujours été question de construction, d’open finance. Le Bitcoin lui-même n’est plus qu’une réserve de valeur. Donc, à mon sens, tous ceux qui ne font pas partie de la communauté Bitcoin sont en train de construire le reste - des plateformes technologiques et un moyen d’échange pour permettre l’open finance et les Capital Markets sur Internet. Cela a toujours été l’idée. Quand je pense au chemin parcouru au cours des cinq dernières années, je pense qu’il est encore assez tôt parce qu’il faut d’abord construire le réseau de la blockchain, sans quoi personne n’aurait rien à faire. Je pense que la prochaine étape consiste aujourd’hui à attirer des capitaux pour faire croître ce système.
1)ICO : une vente de token pour financer un projet de crypto-monnaie
2)Un jeu vidéo basé sur la collecte de chats virtuels
3)ASN : numéro de système autonome, numéro qui identifie un réseau de dispositifs.