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Image Interview : Aydin Kilic, PDG de Hive Digital Technologies

Interview : Aydin Kilic, PDG de Hive Digital Technologies

Timer16 min de lecture

  • Bitcoin
  • Mining

“Si miner du Bitcoin était si facile, tout le monde le ferait”

C’est un après-midi de printemps ensoleillé à Paris, et nous sommes assis dans le salon au charme discret de l’hôtel Norlinski. Un cadre qui tranche avec notre conversation sur une industrie qui, elle, n’a rien de discret. Le minage de Bitcoin.

Notre invité du jour est Aydin Kilic, PDG de Hive Digital Technologies. Il nous rejoint vêtu d’un ensemble noir impeccable : t-shirt Bitcoin, baskets Common Projects au design épuré, et cette assurance tranquille qui laisse entendre qu’il est aussi à l’aise lorsqu’il s’agit de discuter d’efficacité en térahash que pour parcourir un guide des restaurants parisiens (il nous a d’ailleurs posé beaucoup de questions sur la scène culinaire).

Le parcours d’Aydin Kilic dans la crypto n’a pas suivi le script habituel. Il a commencé dans le génie électrique comme spécialiste des radiofréquences, avant de se tourner vers le marché de l’immobilier à hauts enjeux à Vancouver, se forgeant une expérience dans l’aménagement foncier, les actifs en difficulté et les mathématiques exigeantes des flux de trésorerie. 

C’est lors de la première vague d’enthousiasme public pour la crypto, en 2017, qu’il a cofondé une petite entreprise de minage, Fortress, avant de voir Hive devenir la première entreprise crypto cotée en bourse, un événement qui allait finir par orienter sa trajectoire.

De l’installation de tours radio à la levée de 20 millions de dollars en un mois pour acquérir une ferme de minage de 2 MW puis de l’introduire en bourse, son parcours a été tout sauf linéaire. Après avoir traversé le bear market de 2019–2020 en tant que PDG de Fortress Blockchain, il a rejoint Hive en 2021, juste à temps pour assister à son entrée au Nasdaq. 

Depuis, il a piloté l’entreprise à travers la fusion d’Ethereum, deux halvings de Bitcoin, une collaboration sur des ASIC sur mesure avec Intel, ainsi qu’un virage audacieux vers l’IA et le calcul haute performance.

C’est une histoire de résilience, de vision et de la discipline silencieuse qui sous-tend la course aux hashrates, racontée depuis le costume, ou plutôt du t-shirt noir, de quelqu’un qui l’a vécue.

CoinShares: Hive Digital Technologies a fait son entrée en bourse en 2017. Depuis, l’entreprise a survécu à deux bear markets. Comment un mineur de Bitcoin a fait face à ces évènements ? 

Aydin Kilic: La discipline. Hive est un opérateur à bas coûts, avec les frais généraux et administratifs par Bitcoin miné les plus faibles du secteur. Certains concurrents dépensent sans compter : jets privés, équipes pléthoriques. Il suffit de regarder les bilans financiers, et notamment le coût de fonctionnement par rapport aux Bitcoins minés. Un temps de disponibilité élevé est crucial. En marché haussier, il maximise les profits. En marché baissier, c’est une question de survie. La trésorerie et l’allocation du capital comptent aussi. Et il ne faut jamais - jamais - surpayer pour des ASIC. C’est pour cela que nous avons construit les nôtres. Le prix des ASIC (dollar par térahash) fluctue comme une matière première. Quand nous avons commencé, les mineurs S9 de Bitmain (2016) affichaient 13,5 TH/s. Les S21 Pro actuels dépassent les 200 TH/s, soit 20 fois plus. Le hashrate est devenu une commodité.

C’est-à-dire? 

Il existe une équation de ROI basée sur la physique. Le ROI (en jours) est fonction de variables d’entrée que sont le prix du Bitcoin, la difficulté du réseau, le prix de l’électricité ($/kWh), l’efficacité des machines (joules/TH) et le prix des ASIC.

On ne peut pas contrôler le prix ni la difficulté. Mais on peut contrôler le CapEx et la stratégie de déploiement. En décembre, nous avons sécurisé des S21+ à 14 $/TH, quand d’autres payaient 21 $/TH : la différence est énorme. Si vous ne pouvez pas miner à un coût inférieur à l’achat direct de Bitcoin, alors ne minez pas, contentez-vous d’acheter. C’est simple.

Existe-t-il une analogie entre l’immobilier et le minage de Bitcoin ? 

Oui. Dans les deux domaines, le timing est essentiel. Dans l’immobilier, le cap rate détermine votre ROI. Mais acheter au sommet du marché avec un faible rendement est risqué. Dans le minage, les marchés baissiers sont le meilleur moment pour se développer, lorsque le prix en dollars par térahash des ASIC est bas. L’avantage, c’est que vous pouvez établir toutes vos projections et modèles de flux de trésorerie en vous basant sur l’économie d’un marché baissier. Si vous parvenez à atteindre un ROI d’un an dans ces conditions, alors, quand le marché haussier revient, ce ROI peut se réduire à seulement six mois. C’est assez similaire à l’investissement immobilier. Par exemple, lors de l’achat d’un immeuble commercial, les investisseurs se réfèrent souvent au cap rate : un taux de 3 % correspond à un rendement annuel de 3 %, tandis qu’un taux de 10 % correspond à 10 %. Mais le timing reste crucial.

Si vous achetez au sommet du marché et ne sécurisez qu’un cap rate de 3 %, puis que le marché baisse ensuite en divisant par deux la valeur de votre bien, ce rendement ne suffira pas à couvrir vos pertes. Le timing est déterminant. Les marchés immobiliers évoluent lentement, mais la crypto bouge vite, et de manière spectaculaire.

Cela dit, il est important de reconnaître les variables macroéconomiques qui échappent à votre contrôle. Prenez l’interdiction du minage en Chine en 2021 : elle a provoqué une forte chute du hashrate, ce qui, temporairement, a été une bonne chose pour les mineurs situés hors de Chine. À un niveau plus local, la réglementation peut varier: une région peut interdire le minage tandis qu’une autre l’encourage. Aux Etats-Unis, un sénateur peut le soutenir, un autre s’y opposer. C’est une industrie difficile. La résilience et la discipline sont absolument essentielles.

Vous avez mentionné la construction de votre propre ASIC. Vous vous intéressez aussi à l’IA. Diriez-vous que Hive est désormais davantage une entreprise d’infrastructure qu’une entreprise de minage ?

Absolument, c’est une excellente façon de le formuler : fondamentalement, oui, Hive est une entreprise d’infrastructure. Que ce soit pour le Bitcoin, l’Ethereum ou l’IA, nous mesurons les revenus en $/kWh. Cet indicateur est constant pour toutes les charges de travail. Pourquoi ? Parce que dans un data center, qu’il s’agisse d’un centre de données de niveau 3 ou d’une ferme de minage Bitcoin, peu importe : la facture d’électricité se calcule toujours en dollars par kilowattheure.

Prenons des chiffres ronds : le minage d’Ethereum rapportait jusqu’à 0,90 $/kWh. Après la fusion (The Merge), les revenus GPU sont tombés à 0,07 $/kWh. Mais il faut comprendre que dans le minage crypto, tout est asymptotique. Une asymptote est une ligne qui s’approche de zéro sans jamais l’atteindre à mesure que le temps tend vers zéro. Le prix du hash est asymptotique, n’est-ce pas ? Quand le hashprice chute en marché baissier, il ne tombe pas à zéro. Il diminue, puis la difficulté s’ajuste et il se stabilise. Au final, le minage GPU restait compétitif face au Bitcoin à 0,10 $/kWh.

Ensuite, nous avons transféré 400 GPU vers des workloads HPC, rapportant 1 $/kWh, et avec les nouvelles cartes Nvidia, ce sera 2 $/kWh. Alors, les gens demandent : pourquoi ne pas faire uniquement de l’IA ? Parce que votre CapEx n’est pas le même : c’est 30 millions $ par MW pour l’IA, contre 1 million $ pour l’ASIC Bitcoin. Et selon le marché, l’un est plus volatil que l’autre. Les deux constituent donc une excellente couverture mutuelle. Cela nous assure un flux de trésorerie constant. Je sais que c’est beaucoup d’informations, mais c’est ainsi que nous devons réfléchir au business. Si c’était si simple, tout le monde le ferait.

Hive s’est longtemps positionnée comme une entreprise de minage durable. Que signifie la durabilité dans le contexte du minage de Bitcoin ?

La durabilité représente pour nous plusieurs éléments clés.

Avant tout, nous nous concentrons sur l’énergie verte. Nos sites sont alimentés par des sources d’énergie renouvelables. Par exemple, à seulement cinq minutes de notre installation au Nouveau-Brunswick, au Québec, se trouve le barrage hydroélectrique qui alimente nos opérations. En Suède, nous travaillons avec Vattenfall, dont le nom signifie littéralement « chute d’eau » en suédois, ce qui illustre encore une fois notre engagement envers l’énergie hydroélectrique.

Nous avons également opéré en Islande, en utilisant l’énergie géothermique, avec une capacité allant de 4 à 8 mégawatts au fil du temps. Cependant, à cause de changements réglementaires, nous avons déplacé nos activités. Désormais, notre attention est tournée vers le Paraguay, où l’ensemble du réseau est alimenté par l’hydroélectricité. C’est une avancée extrêmement enthousiasmante : nous y disposons de 300 mégawatts. Nous avons acquis un site de 200 MW, déjà construit à 90 % au moment de l’achat, et qui est désormais totalement opérationnel et raccordé. Il alimente deux sites : l’un de 200 MW et l’autre de 100 MW, le tout entièrement propulsé par une énergie hydroélectrique durable.

On dit souvent que le minage de Bitcoin n’est pas vraiment toléré par les communautés locales. Quelle est votre expérience à ce sujet ?

Au-delà de l’énergie, la durabilité signifie aussi soutenir les communautés locales. Nous aimons investir dans les régions où nous opérons. Au Québec, par exemple, nous réutilisons l’énergie issue de notre mine de Bitcoin de 30 MW pour chauffer une installation industrielle voisine de 18 500 m2 qui fabrique des piscines. Les hivers québécois sont rudes, et cette réutilisation de l’énergie est un excellent exemple de durabilité appliquée.

Au Paraguay, nos initiatives vont plus loin et touchent à l’infrastructure et à l’éducation. Nous avons rencontré le gouverneur de la province de Cordilleras et lui avons demandé ce dont la communauté avait le plus besoin. La réponse était simple : l’électricité. Nous nous sommes donc engagés à électrifier 18 écoles locales. Quatre sont déjà terminées, et nous finaliserons les autres cette année et l’année prochaine. C’est ainsi que nous apportons une contribution concrète dans les régions où nous menons nos activités.

Enfin, nous jouons un rôle majeur dans la stabilité des réseaux électriques. En Suède, nous sommes le plus grand participant au programme national d’équilibrage du réseau. Notre logiciel avancé nous permet de réduire la pression sur le réseau, limitant ainsi le recours à des générateurs de secours coûteux. Et nous avons lancé des initiatives similaires au Nouveau-Brunswick.

Toutes ces actions - recours aux énergies renouvelables, réutilisation de l’énergie, investissements dans les communautés et intégration au réseau - définissent ce que signifie la durabilité pour Hive.

Nous traversons actuellement une phase où l’activité du réseau Bitcoin semble assez faible: les mempools sont relativement vides. Comment voyez-vous cette évolution ? Est-ce que cela impacte vos opérations ?

Il est vrai que l’activité des mempools est faible en ce moment, mais du point de vue d’un mineur, notre attention se porte avant tout sur le hashrate et la difficulté du réseau, qui atteignent tous deux des niveaux historiques. Cela nous indique qu’il existe toujours une immense puissance de calcul sécurisant le réseau.

En ce qui concerne la taille du mempool ou l’activité on-chain, ce sont des indicateurs qui fluctuent naturellement. Ils sont influencés par de nombreux facteurs externes, imprévisibles. On peut observer des tendances, mais il est impossible de les prévoir de manière fiable. C’est pourquoi nous ne leur accordons pas un poids excessif dans nos opérations.

Quant aux frais de transaction, en dehors des phases de marché haussier extrême, ils représentent généralement une petite partie des revenus des mineurs, souvent entre 1 et 3 %. Ainsi, même si le mempool est moins actif, cela n’a pas d’impact significatif sur nos activités.

Êtes-vous inquiet pour les perspectives à long terme si cette tendance se poursuit ?

Nous ne sommes pas excessivement inquiets, car l’adoption à long terme continue de croître. Les investisseurs institutionnels entrent sur le marché, ce qui peut se traduire par moins de transactions, mais aussi des montants plus importants. 

Dans tous les cas, l’espace des blocs continue d’être utilisé. La diminution des récompenses de blocs fait partie intégrante de la conception de Bitcoin, telle qu’elle est décrite dans le white paper. C’est pourquoi nous mettons en avant un indicateur central de rentabilité : le revenu par kilowattheure. Il reflète tout : la récompense de bloc, le prix du Bitcoin, l’efficacité des machines et la difficulté du réseau. Le marché s’autorégule.

On peut le comparer à des couches d’oignon : certains mineurs opèrent à 2 cents/kWh, d’autres à 3, 4 ou 5. Chacun a son propre seuil de rentabilité. Ceux qui ont des coûts plus élevés et des machines plus anciennes et moins efficaces sont les premiers à disparaître quand les marges se resserrent. Historiquement, et même après les halvings, nous n’avons jamais vu les revenus du minage tomber en dessous de 4 cents par kilowattheure sur une période significative. J’ai dû mener une analyse détaillée à ce sujet lors de notre audit fiscal de 2019, à une époque où le minage crypto était encore considéré comme une nouveauté par beaucoup d’auditeurs. Le point le plus bas que nous avons enregistré était d’environ 3,5 cents/kWh, et même alors, cela n’a duré qu’une seule journée. Aujourd’hui, même les machines plus anciennes affichent un seuil de rentabilité au-dessus de 5 cents/kWh. Les machines de nouvelle génération, elles, tournent encore autour de 10 cents/kWh.

Ainsi, même si la compression des revenus survient après un halving, la dynamique plus large - rareté du Bitcoin et adoption croissante - tend à faire monter le prix au fil du temps, soutenant la viabilité à long terme. En regardant très loin dans le futur, quand les récompenses de bloc atteindront finalement zéro, les frais de transaction deviendront probablement l’incitation principale. D’ici là, dans une centaine d’années, le minage sera hautement industrialisé et probablement intégré directement à l’infrastructure énergétique. Mais on parle ici d’un avenir lointain.

Comment voyez vous l’évolution de l’adoption de Bitcoin dans le futur ? 

J’ai vu récemment de nombreux projets commencer à mettre de la data sur la Blockchain Bitcoin, ce qui est nouveau, on est d’accord? En ce moment, il s’agit surtout de NFT sur Bitcoin, mais l’important est de pouvoir inscrire des données spécifiques directement sur la blockchain Bitcoin. 

Cela me rappelle mon expérience passée dans les télécommunications, en particulier les télécoms sans fil. Au milieu des années 2000, tout le monde avait un téléphone à clapet. On pouvait appeler, peut-être envoyer un SMS ou une photo floue, mais les caméras étaient médiocres. Vous vous souvenez du Motorola Razr ? À l’époque, je travaillais dans un laboratoire où nous développions la technologie 4G, avec de la vidéo en streaming et de la transmission de données à haut débit. Je me rappelle que nous, les ingénieurs, nous demandions : « Pour qui construisons-nous ça ? Aucun de ces téléphones n’a besoin d’une telle bande passante ! » Nous ne le savions pas encore, mais nous posions les bases du futur. Puis l’iPhone est arrivé, et là, tout a changé.

C’est ce type de changement de paradigme que je vois aujourd’hui avec Bitcoin. L’infrastructure est déjà en place. Bitcoin est une monnaie adossée à l’énergie, ce qui lui donne une véritable valeur intrinsèque. Désormais, avec Lightning et d’autres solutions de seconde couche, nous pouvons effectuer des transactions plus efficacement. Nous pouvons aussi stocker des informations directement on-chain.

Un jour, quelqu’un développera une application « killer » qui combinera tous ces éléments : la vitesse d’un layer 2, la sécurité, les données on-chain. Cela entraînera une nouvelle vague d’adoption de Bitcoin. Est-ce que ce sera l’an prochain ? Ou dans cinq ans ? Difficile à dire. Mais cela arrivera, j’en suis convaincu.

C’est la même chose avec l’IA. Le premier GPT est sorti en 2018, ChatGPT version 1, mais il n’était pas très “intelligent”. Pas encore très utile. Mais il a posé les bases. De la même manière, toute cette infrastructure autour de Bitcoin prépare le terrain pour une utilité bien plus grande et un volume de transactions beaucoup plus important sur le réseau Bitcoin dans les années à venir.

En tant que mineur, vous êtes évidemment concentré sur Bitcoin, mais quelle est votre vision de l’écosystème actuel des altcoins ?

C’est une bonne question. Ce que je trouve fascinant avec Bitcoin, c’est qu’il n’a ni PDG, ni autorité centrale. C’est le réseau le plus robuste et le plus décentralisé qui existe. La puissance de calcul totale qui le sécurise est aujourd’hui soutenue, selon les jours, par plus de 10 gigawatts d’infrastructures distribuées. À cela s’ajoutent désormais les solutions de layer 2 et la possibilité d’inscrire directement des données sur la blockchain Bitcoin. C’est une combinaison puissante.

Concernant Ethereum, personnellement, je pense que le passage au proof-of-stake a été une erreur. Il y avait un discours venant des régulateurs américains suggérant que le staking de tokens ressemblait à des titres financiers. Et, pour être honnête, quand on émet des tokens, qu’on les distribue et qu’ils génèrent un rendement, cela commence effectivement à ressembler à la manière dont fonctionne les actions. C’est pourquoi j’apprécie ce que Michael Saylor (fondateur de MicroStrategy) répète souvent : Bitcoin est une propriété numérique. C’est le proof-of-work qui lui donne cette qualité de « propriété ». À l’inverse, Ethereum dispose d’une fondation, avec une structure de leadership visible: Vitalik et un groupe de personnes capables d’influencer le réseau. Il a connu des forks, comme Ethereum Classic, et a finalement basculé vers le proof-of-stake. Cela introduit un élément de centralisation et d’imprévisibilité, ce qui, selon moi, le rend fondamentalement différent de Bitcoin.

Maintenant, en ce qui concerne les autres cryptos en proof-of-work, je trouve positif qu’elles existent. Litecoin en est un bon exemple. Mais pour être honnête, je suis avant tout un Bitcoiner. Je garde un œil sur le reste de l’écosystème, mais ma véritable passion, c’est Bitcoin. Pour moi, c’est la monnaie du futur.

Diriez vous que l’amalgame fait entre Bitcoin et les autres cryptomonnaies est dommageable? 

Lorsqu’on évoque nombre de tokens plus petits, ce que je constate souvent est un certain opportunisme. Les gens investissent en espérant faire un “x100” ou gagner rapidement de l’argent. C’est une manière de pensée résumée par le meme “When Lambo”. Ce n’est pas soutenable. Si vous voulez faire du trading, très bien, mais Bitcoin c’est de l’or numérique. C’est quelque chose que vous pouvez conserver pendant 10 ans. Quand j’ai commencé à investir dans la crypto en 2016, j’ai testé toutes sortes de projets. Il y a eu les ICO en 2017, puis les NFT, la DeFi, etc… CHacun de ces paris sur des altcoins s’est traduit par des pertes. Les seuls actifs qui ont conservé leur valeur ou se sont appréciés pour moi sont Bitcoin et un peu d’Ethereum que j’ai acheté très tôt. Retrospectivement, si j’avais juste acheté et conservé du Bitcoin, je m’en serais bien mieux sorti. 

Comment vous voyez-vous, vous et Hive, dans les cinq prochaines années ?

Au cours des cinq prochaines années, je m’attends à ce que Hive continue de naviguer à travers les défis cycliques de l’industrie, comme nous l’avons toujours fait. D’ici la fin de l’année, nous exploiterons 300 mégawatts au Paraguay, avec 25 exahash à l’échelle mondiale, ce qui représentera environ 3 % du taux de hachage total du réseau Bitcoin. 

Même en tenant compte d’une éventuelle augmentation de 30 % de la difficulté du réseau, nous prévoyons encore de miner plus de 10 Bitcoins par jour. D’une certaine manière, je décris déjà où nous serons dans les 12 prochains mois. Au-delà, nous nous dirigeons vers une expansion supplémentaire au Paraguay. Nous avons aussi toujours évalué des opportunités aux États-Unis et, bien qu’il soit difficile de prévoir des mouvements précis, nous restons guidés par un principe : si l’opportunité peut évoluer efficacement et offrir un solide ROIC (retour sur capital investi) à nos actionnaires, nous la saisirons. Il nous a fallu du temps pour trouver la bonne configuration énergétique verte au Paraguay, mais nous l’avons trouvée, et cela a tout changé. Je m’attends à davantage de croissance portée par des innovations de ce type dans les années à venir.

Nous travaillons déjà avec l’hydroélectricité au Paraguay, et je pense que des technologies comme le refroidissement par immersion et les infrastructures verticalement intégrées deviendront plus courantes. Les mineurs qui démontrent une disponibilité constante et une excellence opérationnelle, comme Hive, s’associeront de plus en plus directement avec les producteurs d’énergie.

Pensez-vous que l’industrie du minage de Bitcoin va évoluer d’elle-même ?

Pour illustrer, imaginez quelqu’un comme Warren Buffett, qui n’est pas un Bitcoiner mais un investisseur dans l’énergie. Ou encore quelqu’un comme Li Ka-shing. Ce sont des personnes qui détiennent des actifs énergétiques importants. À un certain moment, ils pourraient se dire : « Le Bitcoin est une monnaie adossée à l’énergie, et je dispose d’énergie excédentaire non exploitée. Peut-être devrais-je la monétiser grâce au minage. » C’est à ce moment-là que nous verrons un changement de paradigme.

L’industrie a déjà énormément évolué. En 2017, on voyait des levées de fonds de plusieurs centaines de millions. En 2021, cela s’était transformé en milliards. Les acteurs financiers traditionnels, comme les banquiers d’affaires, se sont fortement impliqués. L’activité sur les marchés publics a augmenté. Et, lentement mais sûrement, les banques ont commencé à tester le terrain. Je crois que l’écosystème va continuer à mûrir. Comme pour toute nouvelle classe d’actifs, la régulation et la conformité suivront l’argent. Des cadres fiscaux se développent, comme nous l’avons vu au Canada, où le cannabis est devenu légal au niveau fédéral une fois que le gouvernement a trouvé comment le taxer et le réguler. À mesure que les plateformes d’échange crypto deviennent plus conformes, nous verrons émerger des marques plus solides, des plateformes qui n’ont pas été piratées ni associées à des comportements douteux. Une infrastructure d’échange plus régulée et sécurisée renforcera la confiance, en particulier autour des passerelles fiat.

Tout ce que je peux dire, c’est que l’avenir est prometteur, et c’est précisément pour cela que je suis dans cette industrie. J’y ai consacré ma carrière, et je suis entouré d’une équipe incroyable. Ce n’est pas un one-man show. Notre directeur financier, Darcy Deveras, est le CFO le plus ancien dans l’industrie du minage crypto. Frank Holmes et moi faisons tous deux partie de Hive depuis 2017. Hive a bénéficié d’un leadership stable et expérimenté. Nous avons traversé les tempêtes, grandi à l’échelle mondiale, et nous sommes restés attachés à l’innovation et à la durabilité. Je crois sincèrement que les cinq prochaines années seront encore plus passionnantes.

Ecrit par
Jérémy Le Bescont Author Picture
Jeremy Le Bescont
Publié le19 Juin 2025

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