
Les implications du halving du Bitcoin : une perspective macroéconomique
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La rareté constitue une caractéristique clé du Bitcoin. Connu sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, le fondateur du Bitcoin a tenté de préserver cette rareté en intégrant un mécanisme au protocole sous-jacent, lequel réduit périodiquement de moitié les récompenses de bloc versées aux mineurs. Les récompenses de bloc sont le seul moyen d’émettre de nouveaux bitcoins, or ce mécanisme ralentit le rythme auquel ils entrent en circulation.
En raison de leur incidence sur le prix du Bitcoin, les investisseurs surveillent de près ces « halvings », le nom que la communauté crypto a donné à ce mécanisme. Cet article explique le mode de fonctionnement de ces évènements, analyse leur rôle en matière d’offre et de demande, puis s’intéresse à la corrélation du Bitcoin avec d’autres classes d’actifs, le cas échéant.
Le fonctionnement du halving du Bitcoin
Les mineurs jouent un rôle crucial dans le maintien du protocole Bitcoin. Ils résolvent des énigmes mathématiques complexes, lesquelles nécessitent une puissance de calcul considérable, pour avoir le droit de valider des transactions et d’ajouter de nouveaux blocs à la chaîne. En échange, ils reçoivent des récompenses de bloc sous forme de tout nouveau bitcoins.
Comme l’explique Satoshi Nakamoto dans son livre blanc original :
« L’ajout stable d’une quantité constante de nouvelles pièces est analogue aux chercheurs d’or dépensant des ressources pour ajouter de l’or en circulation. Dans notre cas, c’est du temps CPU et de l’électricité qui sont dépensés. »
Le principal mécanisme utilisé par Satoshi Nakamoto pour préserver la rareté du Bitcoin consistait à en plafonner l’offre à 21 millions de BTC (19,6 millions de pièces sont en circulation au 2 mai 2024), ce qui avait pour but d’éviter les effets induits par les politiques monétaires inflationnistes employées par les banques centrales pour stimuler une économie morose, comme l’assouplissement quantitatif. Satoshi Nakamoto y a fait allusion en insérant le message suivant dans le premier bloc de transactions miné début 2009 :
« The Times, le 3 janvier 2009. Le chancelier est sur le point de renflouer les banques pour la deuxième fois. »
Les halvings se produisent chaque fois que le protocole Bitcoin traite 210 000 blocs, ce qui correspond à environ quatre ans. Plusieurs de ces évènements ont ainsi déjà eu lieu, avec les conséquences suivantes : la récompense initiale de 50 BTC est tombée à 25 BTC suite au premier halving en novembre 2012, avant d’être à nouveau divisée par deux à chacun des halvings suivants, soit en juillet 2016, mai 2020 et avril 2024, pour atteindre aujourd’hui 3,125 BTC.
Tandis que la réduction des récompenses de bloc pourrait sembler décourager les mineurs, d’autant plus qu’elles disparaîtront suite au dernier halving attendu pour 2140, celles-ci ne représentent qu’une source de revenus parmi d’autres, étant donné que les mineurs gagnent également des bitcoins en traitant des transactions.
Dynamique de l’offre et comportement des prix
La loi de l’offre et de la demande exerce une influence majeure sur les marchés financiers et le Bitcoin ne déroge pas à la règle. En théorie, le plafonnement de l’offre totale et le contrôle de l’émission de nouvelles pièces devraient soutenir son prix.
Ceci s’est vérifié suite aux précédents halvings :
Novembre 2012 : le Bitcoin est passé de 10 $ au moment du halving à 140 $ en avril suivant, avant de poursuivre sur sa lancée et de franchir, fin 2013, la barre des 1 000 $.
Juillet 2016 : après avoir augmenté régulièrement à l’approche de cet évènement, le Bitcoin a suivi la même trajectoire jusqu’en mars 2017, avant d’atteindre 16 000 $ à la fin de l’année.
Mai 2020 : un schéma similaire s’est produit pour le troisième halving. Le Bitcoin est ainsi passé de 9 000 $ en mai à plus de 10 000 $ en octobre, avant d’atteindre un nouveau record à 63 000 $ en avril de l’année suivante.
Voyons comment le halving a une incidence sur le prix du Bitcoin.
Le narratif selon lequel le Bitcoin serait de l’or numérique s’en trouve renforcé par sa rareté. Le Bitcoin présente de nombreuses caractéristiques propres à une réserve de valeur : la rareté, mais aussi la divisibilité, la portabilité et la durabilité. En fait, on pourrait considérer que le Bitcoin est supérieur à l’or, en ce sens qu’il est plus facile à transporter et que sa plus petite dénomination, connue sous le nom de Satoshi, est égale à un cent millionième de BTC.
Estimée à 15,5 mille milliards de dollars (au 2 mai 2024), la capitalisation boursière de l’or est nettement supérieure, malgré la dernière période haussière qui a vu le Bitcoin franchir la barre des 73 000 $ pour la première fois. En réalité, cet écart ne fait qu’illustrer l’ampleur des opportunités. Ainsi, les analystes de Goldman Sachs prévoient que le Bitcoin érodera la part de marché de l’or à mesure qu’il sera plus largement adopté. Une part de 50 % porterait son prix à 100 000 dollars.
En savoir plus sur le statut d’or numérique du Bitcoin.
Enfin, évoquons brièvement l’incidence des halvings sur les mineurs. Le rapport de 2024 sur le minage publié par CoinShares prévoit que malgré les coûts plus élevés suite au halving de 2024, les opérateurs ayant des frais généraux peu élevés, comme Riot, Bitfarms et TeraWulf, sont les mieux placés pour prospérer à long terme, même avec un Bitcoin à 40 000 $.
Corrélation avec d’autres classes d’actifs
Concept important en matière d’investissement, la corrélation évalue dans quelle mesure deux actifs évoluent de façon similaire. Le Bitcoin a historiquement affiché une corrélation négative avec les classes d’actifs traditionnelles. Le graphique ci-dessous montre que le Bitcoin évolue dans la même direction que l’or 18 % du temps, contre 34 % dans le cas de l’indice S&P 500.
Cette corrélation négative se maintient lors des halvings. Voici un comparatif entre le Bitcoin, l’or et les actions au moment du halving de 2020.
Comme indiqué ci-dessus, le Bitcoin était à un niveau stable en amont du halving, avant d’augmenter régulièrement jusqu’en octobre 2020, date à laquelle il a connu un fort marché haussier qui a conduit à un gain de 500 % en mars 2021. De son côté, l’or a commencé fin 2019 à suivre une tendance haussière, laquelle a perduré jusqu’en août 2020, moment auquel la tendance s’est inversée, provoquant, en mars 2021, la perte de plus de 60 % des bénéfices cumulés. Pour ce qui est des actions, prenons comme référence l’indice S&P 500 : celui-ci a perdu 30 % de sa valeur début 2020, dans un contexte de fort ralentissement des économies dû à la pandémie de Covid. Cependant, il a rebondi relativement rapidement et s’est redressé jusqu’à la fin de 2021, augmentant de 100 % par rapport au creux du début de l’année.
Lors de la création d’un portefeuille diversifié, comprendre la notion de corrélation se révèle fort utile. Selon celle-ci, si une classe d’actifs sous-performe, cela ne devrait pas avoir une incidence disproportionnée sur les rendements globaux. CoinShares assure un suivi de divers portefeuilles modèles dans le but de mesurer l’impact de la détention de Bitcoin. Un portefeuille standard composé de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations avec une allocation de 4 % en Bitcoin rapporte 15 % contre 7,9 % pour un portefeuille standard sans Bitcoin et 8,1 % pour un avec une allocation de 4 % en or.
Apprenez à diversifier votre portefeuille avec les cryptomonnaies.
Conclusion
Les halvings du Bitcoin, un mécanisme que Satoshi Nakamoto a intégré au protocole en vue de préserver la rareté, entraînent une diminution de 50 % des récompenses de bloc versées aux mineurs. Ils ont lieu environ tous les quatre ans et sont observés de près par les investisseurs en raison de leur incidence sur le prix du Bitcoin, lequel a connu un épisode haussier suite aux précédents halvings. En réduisant l’offre, les halvings contribuent également au statut d’or numérique du Bitcoin. Étant donné que la capitalisation boursière de l’or est de 15,5 mille milliards de dollars, cette tendance mérite d’être surveillée.
Le Bitcoin a traditionnellement affiché une corrélation négative avec les actifs traditionnels, ce qui signifie qu’il peut contribuer à diversifier un portefeuille. Cette tendance se maintient lors des périodes de halving.