
Les arguments en faveur de la cryptomonnaie (3/3): valeur et impact social
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Après avoir abordé la volatilité et la consommation d’énergie du Bitcoin dans les deux premières parties de cette série, ce dernier article explore l’impact social de la cryptomonnaie. La nature décentralisée de la technologie blockchain signifie la suppression des intermédiaires dans les transactions, ce qui améliore l’accès aux services financiers traditionnels pour plus d’un milliard de personnes. Mais la contribution positive de la blockchain va au-delà de la finance, c’est pourquoi cet article examine également des cas d’utilisation dans les secteurs privé et public.
La décentralisation au profit de la société
Vu que la décentralisation joue un rôle clé dans les cas d’utilisation évoqués dans cet article, voici un bref rappel de son fonctionnement et de certains de ses avantages.
Une blockchain est un réseau décentralisé, ce qui signifie que les données qu’elle contient sont réparties entre différents nœuds, tels que des ordinateurs. Les utilisateurs se servent d’un mécanisme de consensus, tel que la preuve de travail ou la preuve d’enjeu, pour convenir de l’état du réseau.
L’une des caractéristiques les plus importantes est la répartition du contrôle plutôt que sa concentration auprès d’une autorité centrale. Par conséquent, les applications créées sur la base de la technologie blockchain sont :
Sans autorisation : les cryptomonnaies sont accessibles partout, même dans les milieux les plus hostiles où les droits de l’homme sont limités. Personne ne peut être exclu en raison de son sexe, de son ethnie, de son orientation sexuelle, de sa religion ou de tout autre aspect de son identité qu’un régime autoritaire pourrait utiliser à l’encontre d’un individu.
Résistantes à la censure : contrairement à la finance traditionnelle, qui est en définitive contrôlée par les banques centrales, aucune partie ne peut saisir les fonds stockés dans un portefeuille de cryptomonnaie ou affaiblir l’épargne en menant des politiques inflationnistes telles que l’assouplissement quantitatif.
Privées : les utilisateurs n’ont pas besoin de partager leurs données personnelles pour s’inscrire à un portefeuille, ce qui protège la confidentialité lors de la participation au réseau et empêche les pirates informatiques d’accéder à des informations sensibles.
Le renforcement de l’inclusion financière et de la liberté économique
Des recherches menées par la Banque mondiale montrent que 1,4 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès aux services financiers. Ces personnes, souvent appelées « non bancarisées », sont pour la plupart des femmes, pauvres, sans éducation et vivant dans des zones rurales.
La cryptomonnaie et la technologie blockchain offrent la possibilité aux personnes qui ne sont pas bancarisées de sauvegarder et de voir augmenter leur capital. La conception décentralisée de la blockchain signifie qu’il n’est pas nécessaire de passer par des intermédiaires traditionnels pour ouvrir un compte bancaire. Disposer d’un smartphone et d’un accès à Internet suffit.
Les transactions en cryptomonnaie sont également beaucoup moins chères que les transactions en monnaie fiduciaire, en particulier lorsqu’il s’agit de transférer de l’argent à l’étranger. Selon la Banque mondiale, les frais d’envoi de fonds s’élèvent en moyenne à 6,2 % du montant envoyé, alors que le transfert de cryptomonnaie ne coûte qu’un centime.
Mais les paiements ne sont qu’un des nombreux cas d’utilisation. Les portefeuilles numériques qui stockent des cryptomonnaies permettent d’accéder à toute une série d’autres services de finance décentralisée (DeFi), tels que l’emprunt (même pour les personnes ayant peu ou pas d’antécédents en matière de crédit), l’assurance et l’investissement. La DeFi est à l’origine de plusieurs nouveaux produits d’investissement qui permettent aux utilisateurs d’obtenir des récompenses, notamment le staking (participation au mécanisme de consensus d’un protocole) et le yield farming (dépôt de liquidités sur des exchanges décentralisés).
En somme, les cryptomonnaies (en particulier le Bitcoin) sont synonymes de liberté pour les utilisateurs, quelle que soit leur localisation. Le fait que Satoshi Nakamoto, le pseudonyme du ou des créateur(s) du Bitcoin, ait conçu et lancé cette cryptomonnaie juste après la crise financière de 2008, où les institutions traditionnelles ont échoué à plusieurs reprises, est loin d’être une coïncidence.
Cas d’utilisation de blockchain dans le secteur privé
La technologie blockchain offre toute une série d’applications dans le secteur privé, dont deux qui répondent à des défis sociétaux.
Sovrin
Sovrin crée des identités auto-souveraines (SSI) qui permettent aux utilisateurs de contrôler leurs données. Les utilisateurs peuvent ajouter des documents d’identité (par exemple, un permis de conduire) à un portefeuille numérique et choisir ensuite avec qui les partager, ce qui leur permet de prouver leur âge sans divulguer leur nom ou même leur date de naissance. Les SSI empêchent également les applications de suivre l’activité des utilisateurs et de la monétiser. Elles sont plus sûres car les entreprises ne stockent plus les données des clients sur des serveurs centralisés, que les cybercriminels peuvent facilement pirater.
Provenance
Provenance aide les clients à comprendre l’impact environnemental et social des produits qu’ils achètent, par exemple en leur indiquant si l’emballage est recyclable. Les marques et les détaillants soumettent les informations de leurs produits, par le biais du cadre des points de preuve de l’entreprise ou en demandant aux fournisseurs de présenter des déclarations certifiées. Après avoir vérifié les informations, Provenance les ajoute à la blockchain et les partage avec les clients, afin qu’ils puissent prendre des décisions d’achat plus éclairées. En outre, Provenance exploite la transparence et l’immuabilité de la technologie blockchain (personne ne peut modifier les données qui y sont stockées).
Cas d’utilisation de blockchain dans le secteur public
La blockchain présente également un grand nombre d’applications dans le secteur public. C’est le cas, par exemple, de la santé. Les dossiers médicaux contiennent des données très sensibles, mais les organismes publics les conservent dans des bases de données centralisées. En mai 2021, des cybercriminels se sont attaqués au Health Service Executive (HSE) d’Irlande, le système de santé public national, et ont volé les données personnelles de plus de 100 000 patients, ce qui a coûté environ 100 millions d’euros au HSE. Si ces données avaient été stockées sur un réseau décentralisé, les pirates informatiques auraient eu beaucoup plus de mal à y accéder.
En ce qui concerne les banques centrales, la tokenisation peut augmenter le volume des transactions liées au règlement des paiements entre les banques commerciales d’un pays, un processus connu sous le nom de règlement brut en temps réel. La montée en puissance des cryptomonnaies a encouragé les banques centrales à envisager l’émission de monnaies numériques (potentiellement basées sur la technologie blockchain), une forme électronique de monnaie fiduciaire que les consommateurs et les détaillants peuvent utiliser.
La blockchain peut également soutenir l’avenir du développement urbain. Les villes intelligentes s’appuient sur des solutions numériques, notamment sur l’Internet des objets et le cloud computing, pour rationaliser la fourniture de services tels que les transports et les services publics (sans oublier de nouveaux services innovants) et garantir l’utilisation optimale des ressources. La blockchain fournit l’infrastructure interopérable nécessaire pour que ces technologies fonctionnent de manière harmonisée, comme la délivrance d’identités numériques que les citoyens peuvent utiliser pour accéder au transport public ou voter aux élections.
Conclusion
La cryptomonnaie peut avoir un impact social important. L’un de ses cas d’utilisation les plus importants est l’inclusion financière, qui exploite la conception décentralisée de la technologie blockchain pour fournir un accès aux services bancaires sans passer par les intermédiaires traditionnels. Connus sous le nom de finance décentralisée (DeFi, de l’anglais « Decentralized Finance »), ces services comprennent les paiements, les emprunts, les assurances et les produits d’investissement.
La technologie blockchain possède également des applications en dehors de la finance. Dans le secteur privé, elle permet aux individus de contrôler leur identité et leurs données, et apporte transparence et traçabilité aux chaînes d’approvisionnement. Les cas d’utilisation dans le secteur public comprennent la protection des dossiers médicaux des patients, la rationalisation des processus pour les banques centrales et la fourniture d’une infrastructure interopérable pour les villes intelligentes.