
Staking de Polkadot : un guide pour les détenteurs de DOT
19 min de lecture
- Altcoins
Qu’est-ce que le staking de Polkadot ?
Les réseaux décentralisés n’étant pas contrôlés par une seule autorité, ils s’appuient sur des systèmes appelés mécanismes de consensus pour s’assurer que tous les participants s’accordent sur l’état actuel du registre. Ces systèmes ont pour but de faire respecter les règles relatives au traitement des transactions et d’empêcher tout acteur malveillant de prendre le contrôle du réseau.
Les deux mécanismes les plus populaires sont la preuve de travail (PoW) et la preuve d’enjeu (PoS). La PoW, utilisée notamment par Bitcoin et Litecoin, implique que des participants appelés « mineurs » résolvent des problèmes mathématiques complexes, nécessitant une puissance de calcul considérable, pour obtenir le droit de traiter des transactions. Dans le cadre de la PoS, les validateurs remplissent le même rôle mais doivent déposer ou « staker » une certaine quantité de tokens natifs du réseau plutôt que de résoudre des énigmes, ce qui rend le processus moins énergivore et plus évolutif (la sélection des validateurs est plus rapide). En échange du service qu’ils fournissent, les participants aux deux mécanismes reçoivent des récompenses sous la forme de tokens natifs du réseau, tandis que les protocoles PoS peuvent pénaliser ceux qui ne respectent pas les règles.
Il existe différents types de PoS. La version utilisée par Ethereum, passé de la PoW à la PoS en 2022, est relativement simple. Les validateurs déposent 32 ethers, d’une valeur de 127 000 € (en août 2025). Ensuite, le réseau sélectionne de manière aléatoire ceux qui seront chargés de traiter les transactions. Polkadot a été le premier protocole majeur à utiliser une variante de cette approche connue sous le nom de nominated proof-of-stake (NPoS), laquelle a pour but d’être plus démocratique. La NPoS permet aux détenteurs de son token natif, le DOT, de s’inscrire en tant que nominateurs et de voter pour des validateurs, lesquels doivent déposer une mise minimale (appelée stake dans l’écosystème Polkadot) de 7 500 DOT, soit une valeur de 24 562 € (en août 2025). Les validateurs qui possèdent le stake total le plus important (leur propre stake plus le montant engagé par les nominateurs) sont élus pour créer de nouveaux blocs. En août 2025, le réseau comptait 1 270 validateurs et 29 457 nominateurs.
Comment fonctionne le staking de Polkadot ?
La première étape du processus consiste à produire des blocs à l’aide d’un moteur appelé BABE. Les nominateurs élisent un nouvel ensemble de validateurs pour chaque ère. Chacune dure 24 heures et se divise en Epochs de quatre heures et en slots de six secondes. Le réseau sélectionne des validateurs au hasard. Ils serviront de créateurs de blocs ou d’« auteurs » pour chaque slot. Une fois qu’un bloc est prêt, les auteurs le diffusent sur le réseau afin qu’il soit analysé par des vérificateurs secondaires. La finalisation, le moment où les transactions deviennent irréversibles, est obtenue grâce à un mécanisme appelé GRANDPA et qui nécessite une majorité des deux tiers du total des DOT staked pour confirmer la validité d’un bloc.
En revanche, le rôle des nominateurs est relativement passif : ils votent pour un maximum de 16 validateurs et le réseau répartit leur stake entre ceux qui sont élus. Ils peuvent également rejoindre des pools de nomination où un opérateur agit en leur nom et attribue les récompenses au prorata. Le processus de recherche de validateurs ou de sélection d’un pool nécessite d’évaluer le rapport risque/récompense. Ainsi, Polkadot recommande de comparer les candidats selon les critères suivants :
Le nombre de « points d’ère » qu’ils ont accumulés suite à leur participation au mécanisme de consensus (consultez la section sur les récompenses et les pénalités pour en savoir plus)
La taille du stake du validateur
Le stake total auquel il est adossé
Les frais de commission facturés par le validateur
Si son identité est vérifiée ou non
Les pénalités antérieures qu’il a encourues
La nomination directe de validateurs nécessite un stake minimum de 250 DOT (soit 818 € en août 2025), tandis que chacun peut rejoindre un pool avec un seul DOT (3,62 €). Quant au stake minimum pour créer un pool, il est de 500 DOT (1 637 €).
Les validateurs et les nominateurs doivent bloquer leurs tokens pendant 28 jours afin d’empêcher les acteurs malveillants de quitter le réseau avant d’être pénalisés. Toutefois, les nominateurs qui n’ont pas soutenu de validateur au cours des 28 dernières ères peuvent « unstaker rapidement » leurs tokens en quelques minutes.
Guide étape par étape pour prendre ses marques avec le staking du DOT
Pour un validateur ou un nominateur, la première étape consiste à s’assurer qu’il détient suffisamment de DOT dans un portefeuille numérique. Ces portefeuilles peuvent être chauds (connectés à Internet) ou froids (hors ligne). Les portefeuilles chauds sont pratiques mais vulnérables au piratage, tandis que les portefeuilles froids sont considérés comme étant plus sûrs. Sur son site, Polkadot répertorie plusieurs portefeuilles chauds adaptés au staking, notamment Nova, Subwallet et Talisman. Ledger, l’un des portefeuilles froids les plus populaires, peut également contenir des DOT.
Il existe deux types de comptes pour le staking de Polkadot. Le premier, appelé compte stash, contient les tokens staked. Habituellement utilisée pour autoriser les transactions, sa clé privée est nécessaire pour participer au staking. Elle peut être stockée dans un portefeuille froid, offrant ainsi une sécurité supplémentaire. Toutes les activités, telles que la mise en place des taux de commission, la gestion des récompenses et le vote, se déroulent à partir d’un compte proxy de staking.
Les prestataires de services offrent également des services de staking qui le rendent plus accessible en réduisant les obstacles d’ordre technique. Néanmoins, ils facturent des frais et présentent un risque de conservation, les fonds étant exposés aux cyberattaques. Il existe également des plateformes de staking liquide, telles que Bifrost, qui proposent un service similaire mais émettent des tokens représentant les DOT staked (vDOT dans le cas de Bifrost) que les détenteurs peuvent utiliser dans des applications financières décentralisées telles que le yield farming et le prêt.
Une autre option consiste à investir dans des produits négociés en bourse (ETP) qui offrent une exposition au staking de Polkadot et se négocient sur les principales places de cotation. Les investisseurs peuvent détenir ces produits dans un portefeuille aux côtés d’actifs traditionnels. Ainsi, les ETP contribuent au rendement global. Il s’agit en outre d’investissements liquides, ce qui permet de contourner le problème des périodes de retrait liées au staking direct. À titre d’exemple, le CoinShares Physical Polkadot Staked ETP est entièrement adossé à des DOT conservés auprès du dépositaire institutionnel Komainu et se négocie sur Xetra. En août 2025, il offre un rendement annuel de 5 % et ne facture pas de frais de gestion.
Récompenses et rendements
En échange du service fourni, les validateurs gagnent des récompenses sous forme de DOT. Les récompenses sont variables, mais selon Polkadot, le taux annuel moyen est de 13,08 % en août 2025.
Lors du calcul des récompenses, le réseau ne tient pas compte de la taille du stake de chaque validateur afin d’éviter la centralisation causée par la présence de quelques participants dominants. Le facteur principal est le nombre de points d’ère gagnés pour les activités, y compris la production de blocs, mais aussi une bonne conduite, comme la connectivité. Toutefois, le réseau est conçu pour faire en sorte que les validateurs responsables s’équilibrent globalement au cours de plusieurs ères. Les pourboires, payés par les utilisateurs pour donner la priorité à certaines transactions, constituent une autre source de revenus.
Les nominateurs gagnent également des récompenses pour leur participation au mécanisme de consensus, mais le montant dépend de la commission fixée par les validateurs. Par exemple, si la récompense est de 200 DOT et que la commission est de 20 %, le validateur conserve 40 DOT, pour un solde final de 160 DOT. Si le validateur détient 50 % du stake total tandis que les nominateurs détiennent l’autre moitié, le validateur gagne 120 DOT (40 + 80 DOT) et les nominateurs se partagent les 80 DOT restants.
Comme de nombreux mécanismes de consensus PoS, Polkadot pénalise voire élimine des validateurs afin de décourager tout comportement malveillant. Ces pénalités varient entre 2 % (pour avoir voté pour un bloc de transactions invalide) et 100 % (pour avoir soutenu un bloc invalide). Certaines infractions peuvent entraîner une « désactivation » qui empêche le validateur de participer pendant une ère ou plus.
Avantages et risques du staking de Polkadot
Le principal avantage du staking est la possibilité de recevoir des récompenses. Les validateurs ont tendance à gagner le plus, mais ils doivent disposer de ressources financières importantes et d’une expertise technique, suivis par les nominateurs qui doivent quant à eux mener des recherches approfondies. Si rejoindre un pool ou investir via un ETP est susceptible de générer des récompenses moins élevées, cela représente en réalité une forme de revenu passif.
Les fonds que Polkadot alloue aux récompenses augmentent considérablement chaque année, ce qui accroît le potentiel de gains des participants. Le DOT est un token inflationniste : chaque année, l’offre totale augmente de 120 millions d’unités, soit une valeur de 392 millions d’euros (en août 2025). Le réseau alloue 85 % de ce montant aux récompenses de staking.
Les alternatives pour s’inscrire en tant que validateur réduisent également les barrières à l’entrée. Le stake minimum négligeable requis pour rejoindre un pool ou utiliser un service de staking rend la participation facilement accessible. De plus, les nominateurs n’ont pas besoin d’investir dans du matériel spécialisé.
Autre avantage ? Le renforcement de la décentralisation. Plus un réseau est décentralisé, plus il est protégé contre les attaques qui pourraient permettre à des acteurs malveillants de prendre le contrôle et de censurer ou d’inverser des transactions. Tandis que de nombreux protocoles PoS permettent aux participants d’élire un seul et unique validateur, les nominateurs de Polkadot peuvent voter pour jusqu’à 16 candidats, ce qui contribue à éviter une concentration du pouvoir.
Il existe également des risques, principalement des pertes financières dues aux pénalités infligées en cas de comportement malveillant. Dans les cas extrêmes, cela peut même entraîner la perte de la totalité du stake. Pour aggraver la situation des nominateurs, ces pénalités échappent à leur contrôle, car une fois qu’ils ont voté, ils n’ont qu’une influence limitée sur les actions du validateur.
Pour couronner le tout, la période de retrait est de 28 jours, soit une période relativement longue. Non seulement cela oblige les participants à patienter pour pouvoir disposer de leurs tokens, ce qui peut poser un problème s’ils doivent vendre à court terme, mais le stake ne rapporte aucune récompense pendant cette période.
Enfin, les investisseurs doivent tenir compte du risque de conservation lorsqu’ils font appel à un prestataire de services. Les places de cotation et les plateformes de staking liquide sont vulnérables à la fois aux cyberattaques, une situation vécue par Meta Pool en juin 2025, et à toute éventuelle mauvaise gestion des fonds, comme l’ont appris à leurs dépens les clients de FTX en novembre 2022.
Comparaison entre Polkadot, Ethereum et Solana
Ethereum et Solana représentent deux des plus grands réseaux PoS en matière de capitalisation boursière et constituent des références intéressantes en vue d’évaluer Polkadot. Avant d’examiner comment ils se situent les uns par rapport aux autres, commençons par un rapide aperçu du fonctionnement de leurs mécanismes de consensus.
Comme indiqué plus haut, Ethereum est un réseau PoS relativement simple, tandis que Solana utilise une variante appelée « preuve d’enjeu déléguée ». Dans la version de Solana, les détenteurs de son token natif, le SOL, délèguent leurs tokens au validateur qu’ils jugent le plus digne de confiance. Ceux qui bénéficient du soutien le plus important exercent la plus grande influence lors du vote pour déterminer quels blocs doivent être ajoutés à la chaîne.
Voici quelques-unes des différences qui existent entre ces trois protocoles, selon les caractéristiques mentionnées plus haut dans cet article.
Stake minimum : les validateurs Ethereum doivent déposer 32 ethers, soit une somme beaucoup plus élevée que dans le cas de Polkadot. Ethereum ne proposant pas d’option moins coûteuse pour staker directement, les participants disposant de dépôts moins importants doivent recourir à des services de staking. Quant au réseau Solana, il n’impose pas de stake minimum.
Récompenses : à 13 % par an (en août 2025), les récompenses de Polkadot sont les plus généreuses. En effet, elles s’élèvent à près du double de la limite supérieure de ce que rapporte Solana (entre 5 et 7 %) et sont plus de quatre fois supérieures à ce que propose Ethereum (3,1 %). Les récompenses d’Ethereum tiennent compte des activités des validateurs sur le réseau et de leur solde par rapport au total des ethers staked, tandis que Solana fonde son calcul sur le taux d’inflation de SOL et le temps de fonctionnement des validateurs.
Pénalités : Ethereum et Polkadot adoptent des approches similaires pour décourager les comportements malveillants. Ainsi, ils infligent des pénalités pouvant conduire les participants à perdre la totalité de leur stake et à être temporairement voire définitivement exclus du réseau. Solana, en revanche, ne sanctionne pas automatiquement les validateurs, bien qu’il prévoie de le faire.
Retraits : sur Polkadot, la période de retrait est beaucoup plus longue que sur Ethereum (sept jours) et Solana (d’une durée de deux jours à la fin de chaque Epoch). Notons aussi que Solana autorise les participants à retirer un maximum de 25 % du stake actif total à chaque Epoch.
Foire aux questions (FAQ)
Combien de DOT dois-je staker ?
Tout dépend du rôle. Ainsi, les validateurs doivent déposer 7 500 DOT, soit une valeur de 24 562 € ou 28 230 $ (en août 2025). Le stake minimum pour les nominateurs, qui délèguent leurs tokens aux validateurs, est quant à lui de 250 DOT (818 € ou 960 $) ou d’un seul DOT (3,62 € ou 4,1 $) pour rejoindre un pool de nomination. En outre, créer un pool nécessite 500 DOT (1 637 € ou 1 922 $).
Puis-je unstaker mes DOT à tout moment ?
Non, il faut compter 28 jours pour unstaker. La principale raison de ce délai est d’empêcher les participants de quitter le réseau avant d’être pénalisés pour tout comportement malveillant. Les nominateurs qui n’ont pas délégué leurs tokens pendant 28 ères peuvent quant à eux « unstaker rapidement » en quelques minutes seulement.
Que se passe-t-il si mon validateur se déconnecte ?
Si un validateur se déconnecte pendant une période prolongée (plus de quatre heures), il se trouve dans une phase de « refroidissement », ce qui signifie que le réseau change son statut en inactif, mais sans qu’aucune pénalité ne lui soit infligée. Les pénalités pour indisponibilité commencent lorsque 10 % des validateurs actifs se déconnectent simultanément, car cela pourrait entraîner une attaque sur le réseau.
Le staking de Polkadot convient-il aux débutants ?
Cela dépend du niveau de participation. Le processus de configuration d’un validateur est peu adapté aux débutants en raison de sa relative complexité. Par ailleurs, même devenir un simple nominateur implique de comprendre comment analyser les performances de chaque validateur. Pour ceux qui ont de l’expérience dans l’achat et le stockage de crypto-monnaies, rejoindre un pool ou recourir à un service de staking constituent les options les plus appropriées. Les investisseurs peuvent aussi faire l’acquisition d’ETP sur XETRA, de la même façon qu’ils achèteraient des produits traditionnels.
En savoir plus et investir
En savoir plus sur le CoinShares Physical Polkadot Staked ETP et notamment sur les places où il se négocie en Allemagne.
