15 min de lectureDans le dernier volet d’une série informelle sur la façon dont une relativement nouvelle classe de protocoles essaie de résoudre le trilemme de la blockchain d’Ethereum, cet article étudie les rouages d’Arbitrum, un des principaux rivaux de la Superchain, et l’état de son écosystème.
Pourquoi a-t-il été créé ?
Le trilemme de la blockchain part du principe que les développeurs doivent faire des compromis entre la sécurité, la décentralisation et l’évolutivité. Ethereum a donné priorité à la sécurité et à la décentralisation, ce qui limite son évolutivité. Le réseau traite 16 transactions par seconde (TPS), ce qui le classe au seizième rang des blockchains les plus rapides. La congestion qui en résulte affecte les frais de transaction, connus sous le nom de gas fee, qui ont augmenté de près de 500 % en septembre 2024 à la suite d’une hausse de l’activité sur la chaîne partiellement due à une augmentation du volume de trading sur les places de cotation décentralisées.
Arbitrum a été lancé en août 2021 par Offchain Labs pour résoudre les problèmes d’évolutivité d’Ethereum. Il s’agit d’un protocole de couche 2 (L2). Il hérite donc de la sécurité d’Ethereum et utilise une technologie appelée rollups pour booster les TPS qui traitent les transactions hors chaîne et les envoient par lot sur la couche de base. Arbitrum utilise des rollups optimistes qui présument que les transactions sont valides à moins qu’elles ne soient contestées par opposition aux rollups à connaissance nulle (ZK) qui utilisent une technique cryptographique appelée preuves ZK pour valider les transactions.
Le réseau comporte plusieurs chaînes. Arbitrum One exécute des rollups alors qu’Arbitrum Nova est une chaîne AnyTrust similaire à un rollup, mais qui conserve les données hors chaîne sur des plateformes externes comme Google Cloud. Cette conception permet à Nova de facturer des frais de transaction moins élevés, mais elle sacrifie un degré de décentralisation en s’appuyant sur des tiers. Enfin, les chaînes Orbit sont des blockchains personnalisables qui peuvent prendre la forme de L2 ou de couches 3.
Token natif
Le token natif d’Arbitrum est l’ARB, créé à l’aide de l’ERC-20 standard développé par la communauté d’Ethereum. Alors qu’il peut être utilisé comme moyen d’échange, le principal rôle de l’ARB dans l’écosystème est en tant que token de gouvernance (les utilisateurs paient des frais de transaction en Ether) :
Les détenteurs peuvent participer à Arbitrum DAO (une organisation autonome décentralisée), en soumettant et votant sur les propositions d’amélioration d’Arbitrum (AIP) comme les mises à jour du réseau.
Ils peuvent également élire des membres au conseil de sécurité qui gère les risques en mettant en œuvre des mesures d’urgence et de non urgence.
Les votes sont pondérés par des tokens, donc plus on en détient, plus on influence le résultat.
L’approvisionnement total en ARB était initialement fixé à 10 milliards, avec 4,6 milliards en circulation en mars 2025. Le tableau ci-dessous montre comment ces tokens ont été distribués après l’approbation des AIP 1.1 et 1.2. Les membres de l’équipe et les investisseurs ont fait l’objet d’un blocage de quatre ans, dont le premier « déblocage » a eu lieu en mars 2024 et a continué tous les mois au cours des trois années suivantes. La période de blocage de la Fondation Arbitrum a commencé en avril 2023 et dure également quatre ans.
Le taux d’inflation annuel maximal de l’ARB est de 2 %. L’Arbitrum DAO est responsable de l’émission de nouveaux tokens, mais aucune proposition de minting n’a été soumise depuis mars 2025.
Écosystème
La capitalisation boursière de l’écosystème d’Arbitrum s’élève à près de 290 milliards de dollars (en date de mars 2025), le plaçant bien loin devant Optimism (48 milliards de dollars).
Les plus grands projets d’Arbitrum par capitalisation boursière sont les stablecoins de la multichaîne indexés sur le dollar américain : USDT, émis par la plateforme de la blockchain Tether, et USDC, émis par le prestataire de paiement Circle. Tether a récemment annoncé qu’elle a choisi Arbitrum pour fournir l’infrastructure de l’USDT, son stablecoin interopérable.
Le prochain grand projet par capitalisation boursière est Chainlink, un réseau Oracle qui relie les blockchains à des données réelles requises par des smart contracts pour exécuter des accords comme des paris sur le résultat d’une élection ou d’un évènement sportif. En complément des cinq principaux projets, il existe deux autres stablecoins : Le DAI de Sky Protocol et l’USDe, un stablecoin synthétique émis par Ethena Labs, qui est adossé à des cryptomonnaies et des contrats à terme plutôt qu’à une monnaie fiduciaire.
L’écosystème d’Arbitrum comporte également un « pont » pour déplacer les actifs entre les chaînes. Ce pont permet des projets comme Hyperliquid, une place de cotation crypto offrant des contrats dérivés perpétuels (sans date d’expiration) et basée sur sa propre couche de base pour tirer parti des transactions plus rapides et moins chères d’Arbitrum One.
Que réserve l’avenir ?
Offchain Labs a publié une feuille de route pour Arbitrum en août 2024 soulignant ses priorités à court terme pour le protocole. Certaines des mises à jour prévues comprennent :
Rendre Arbitrum plus accessible aux développeurs en déployant Arbitrum Stylus, une machine virtuelle qui soutient plusieurs langages de programmation en plus de Solidity d’Ethereum.
Soutenir la décentralisation en introduisant un nouveau mécanisme de règlement des différends pour les rollups optimistes d’Arbitrum, qui devrait aider le réseau à obtenir la définition de L2Beat d’un rollup de stade deux.
Augmenter l’interopérabilité en réduisant le retard de confirmation causé par les utilisateurs contestant les transactions.
Explorer des façons d’intégrer les preuves ZK aux rollups optimistes pour accélérer le processus de confirmation des transactions.
