7 min de lectureLe premier article de cette série consacrée aux arguments en faveur de la cryptomonnaie expliquait pourquoi la volatilité est le signe d’un marché sain. La deuxième partie se concentre sur la consommation d’énergie, un reproche souvent exprimé à l’encontre du Bitcoin, étant donné qu’il consomme plus d’énergie que certains pays. Toutefois, cet article replace cette consommation dans son contexte et passe en revue quelques-unes des initiatives promouvant l’utilisation de sources d’énergie respectueuses de l’environnement. Il aborde également la valeur que la technologie blockchain apporte à un large éventail de domaines en dehors de la cryptomonnaie.
Évaluation Réaliste De La Consommation D’énergie De La Cryptomonnaie
Pour valider les transactions sur le réseau, le Bitcoin s’appuie sur un mécanisme de consensus de « preuve de travail » (PoW). Les participants, connus sous le nom de « mineurs », rivalisent pour résoudre des équations mathématiques complexes afin d’obtenir le droit d’ajouter la prochaine série de transactions à la blockchain. La résolution de ces équations nécessite du matériel très performant (par exemple, des circuits intégrés spécifiques à certaines applications), qui consomme des quantités considérables d’énergie. En retour, les mineurs reçoivent des récompenses de bloc de 6,25 coins par bloc, d’une valeur de TBC dollars [à cette date]. La récompense chute à 3,125 coins après le prochain halving , qui a eu lieu en avril 2024.
Satoshi Nakamoto, le pseudonyme du ou des fondateur(s) du Bitcoin, a conçu ce protocole de manière à ce que le coût d’acquisition des récompenses de bloc soit à peu près égal à leur valeur. Cela signifie que la quantité d’énergie nécessaire pour valider les transactions augmente à mesure que le prix du Bitcoin augmente et que davantage de mineurs rejoignent le réseau.
La consommation du Bitcoin, estimée à un peu moins de 173 térawattheures (TWh) par an par le Centre for Alternative Finance de l’université de Cambridge, peut sembler excessive, puisqu’elle équivaut à la consommation d’énergie de la Pologne. Mais il faut tenir compte du contexte : ce chiffre est à peine supérieur à celui de l’industrie de l’or (131 TWh), une comparaison raisonnable si l’on considère que le Bitcoin présente de nombreuses caractéristiques d’une réserve de valeur et qu’il est de plus en plus considéré comme de l’or numérique. Il est nettement inférieur aux industries chimique (1 349 TWh) et sidérurgique (1 233 TWh). Les ménages américains consomment 164 TWh rien que pour alimenter leurs réfrigérateurs et leurs téléviseurs. Au total, l’université de Cambridge estime que la part du Bitcoin dans la consommation d’énergie est d’environ 0,26 %.
Les études montrent également que les émissions du minage ont diminué de moitié au cours des deux dernières années, passant de près de 600 grammes de CO2 par kWh en 2021 à 296 grammes en juillet 2023. L’utilisation accrue d’énergie issue de sources durables, qui est passée de 33 % en 2021 à 52 % en 2024, a contribué à cette réduction. Les données publiées par The Institute for Energy Economics and Financial Analysis montrent que rien qu’au Texas, où l’activité de minage est considérable, la part des énergies renouvelables dans la production totale d’énergie est passée de 20 % en 2017 à 31 % en 2023.
Initiatives en Matière D’énergie Verte Et Progrès Technologiques
À mesure que l’écosystème du Bitcoin évolue, de nouvelles initiatives émergent afin de diversifier les sources d’énergie utilisées par les mineurs.
En juillet 2023, Bitfarm, un mineur disposant d’installations aux États-Unis, au Canada et en Argentine, a acheté 150 mégawatts d’énergie hydroélectrique au Paraguay pour alimenter ses opérations dans ce pays. Bitfarm construira une deuxième « ferme » (pour utiliser la terminologie crypto) à Villarrica et une nouvelle ferme près de la centrale d’Itaipu, le troisième plus grand barrage hydroélectrique du monde.
« Le Paraguay a accès à une abondance d’énergie renouvelable excédentaire, et ces acquisitions garantissent des contrats d’énergie durable précieux, bien que limités, tout en élargissant notre présence dans un pays riche en ressources », a expliqué Geoff Morphy, directeur général de l’entreprise, lors de l’annonce de la transaction.
Des recherches publiées par l’université Cornell à la fin de l’année 2023 suggèrent que les mineurs américains peuvent aider à financer des sources d’énergie renouvelable en phase précommerciale, ce qui signifie qu’elles produisent de l’énergie, mais ne sont pas encore connectées au réseau. Par exemple, le Texas compte 32 projets d’énergie renouvelable, qui généreraient des bénéfices de 47 millions de dollars en fournissant de l’électricité aux mineurs. Ces derniers pourraient ensuite réinvestir ces fonds pour augmenter leur capacité. Ces recherches ont permis de découvrir des opportunités similaires en Californie, au Colorado, dans l’Illinois et dans plusieurs autres États.
Le gaz brûlé à la torche est une autre option, bien que peu conventionnelle. Le gaz naturel est un sous-produit du processus de forage pétrolier, que les producteurs brûlent, soit par commodité, soit parce qu’il n’est pas rentable. Toutefois, les mineurs de Bitcoin peuvent utiliser ce gaz pour alimenter leurs opérations, tout en réduisant la quantité de dioxyde de carbone émise dans l’atmosphère. Des recherches menées par CoinShares montrent que le gaz brûlé à la torche pourrait à lui seul fournir plus de 800 TWh d’électricité chaque année.
Certains protocoles utilisent un mécanisme de consensus de « preuve d’enjeu » (Proof of Stake ou « PoS ») plutôt que la preuve de travail (PoW), en partie parce qu’il est plus efficace sur le plan énergétique. Au lieu de résoudre des équations, les participants à la PoS mettent en jeu des tokens natifs (Ethereum exige un minimum de 32 Ether) pour obtenir le droit de valider les transactions. La transition d’Ethereum de PoW à PoS en 2022, surnommée « The Merge », a réduit sa consommation d’énergie de plus de 99,9 %.
Alimenter Divers Cas D’utilisation
Il convient de rappeler que, si le Bitcoin est la première et la plus importante utilisation de la technologie blockchain, celle-ci apporte une valeur ajoutée à une multitude de domaines d’application dans différents secteurs.
La finance décentralisée (DeFi) : en introduisant une plus grande fonctionnalité dans la blockchain, Ethereum et d’autres protocoles similaires ont élargi l’accès aux services financiers, notamment l’épargne, l’emprunt et l’assurance, en supprimant les organismes intermédiaires tels que les banques. La DeFi a également ouvert la voie à de nouveaux produits d’investissement, tels que le staking et le yield farming.
Les marchés des capitaux : les institutions financières peuvent tirer parti de la blockchain pour moderniser l’infrastructure soutenant les marchés des capitaux. Les plateformes d’investissement peuvent simplifier les opérations telles que le règlement et la compensation des transactions, tandis que les fournisseurs peuvent émettre des actifs sous forme de tokens et augmenter la liquidité en les divisant en de plus petites unités, un processus connu sous le nom de fractionnement.
La gestion de la chaîne d’approvisionnement : la blockchain peut servir de base de données commune à toutes les parties prenantes d’une chaîne d’approvisionnement, des fabricants aux consommateurs. Cela améliore la traçabilité, car les consommateurs peuvent suivre la provenance des produits qu’ils achètent, et accroît la transparence en rendant des documents, tels que les certificats, accessibles au public.
Le gouvernement : la blockchain peut aider les organismes publics à résoudre des problèmes courants, tels que le stockage sécurisé des données des citoyens (une base de données centralisée est beaucoup plus vulnérable aux attaques). Elle réduit également le risque de corruption en partageant ouvertement les dossiers (par exemple, la distribution des fonds pour les dépenses publiques).
L’identité : l’identité souveraine permet aux personnes de conserver des documents officiels (par exemple, passeports, permis de conduire) sur la blockchain et d’en contrôler l’accès. Elle permet également aux individus de monétiser leurs données en les vendant à des annonceurs, plutôt qu’à des plateformes comme Facebook qui en tirent profit.
Conclusion
La forte consommation d’énergie du Bitcoin est due à son mécanisme de consensus de preuve de travail, qui exige des mineurs qu’ils résolvent des équations complexes pour avoir le droit de traiter des transactions et de gagner des récompenses de bloc sous forme de Bitcoin. En termes de consommation, le Bitcoin utilise à peu près la même quantité d’énergie par an que la Pologne et un peu plus que l’industrie de l’or, mais seulement une fraction de l’énergie utilisée par les industries chimique et sidérurgique.
Diverses initiatives permettent aux mineurs d’exploiter des sources d’énergie renouvelable. Il s’agit par exemple de l’hydroélectricité au Venezuela, des stocks excédentaires issus de projets précommerciaux aux États-Unis et du gaz brûlé à la torche, un sous-produit de la production pétrolière que les mineurs peuvent utiliser pour alimenter leurs opérations.
Enfin, la technologie blockchain ne se limite pas au Bitcoin, mais apporte une valeur ajoutée à toute une série de secteurs et de domaines d’utilisation.
