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Le Bitcoin est-il le Nouvel Or ?
7 min de lecture
Les investisseurs se tournent généralement vers des catégories d’actifs qui sont considérées comme « des réserves de valeur » pendant les périodes de forte inflation et d’instabilité mondiale. Étant donné sa longévité, l’or est traditionnellement leur premier choix. Le Bitcoin remet cependant en question le statut de l’or en tant que réserve de valeur ultime car il partage un grand nombre de ses caractéristiques, dont certaines pourraient le rendre encore plus efficace.
Cet article étudie les similarités entre le Bitcoin et l’or avant d’expliquer la façon dont le Bitcoin pourrait améliorer les retours dans un portefeuille équilibré.
Le Rôle Traditionnel De L’or Et L’emergence Du Bitcoin
L’exemple documenté le plus ancien du rôle de l’or en tant que matière première date d’environ 5 000 ans lorsque les Égyptiens ont commencé à en faire des bijoux et d’autres décorations. Sa première utilisation en tant que moyen d’échange a eu lieu plusieurs milliers d’années plus tard, lorsque les Lydiens, dont le royaume se trouvait dans l’ouest de la Turquie, ont frappé les premières pièces d’or en 564 avant J.-C. Il a depuis conservé son statut d’élément clé dans le système financier mondial ; par exemple, lorsque les pays lient leur devise à sa valeur. Cet outil monétaire, alors connu sous le nom d’étalon-or, a été à l’origine adopté par le Royaume-Uni au début des années 1800, puis largement utilisé malgré d’occasionnelles interruptions, jusqu’à ce que les États-Unis y mettent fin en 1971.
L’or a acquis une réputation de réserve de valeur, c’est-à-dire qu’il conserve sa valeur au fil du temps en raison de plusieurs caractéristiques :
Sa rareté : d’après le Conseil mondial de l’or, plus de 210 000 tonnes ont été extraits et 59 000 tonnes restent encore sous terre ;
Sa divisibilité : l’or peut être divisé en plus petits morceaux ;
Sa portabilité : il est relativement facile à transporter (en petites quantités) ;
Sa durabilité : l’or survit des milliers d’années sans se dégrader.
L’or joue plusieurs rôles dans le portefeuille d’un investisseur, principalement celui de protection contre l’inflation, car il conserve son pouvoir d’achat. Lorsque les prix augmentent, une devise perd de son pouvoir d’achat, car les consommateurs achètent moins d’articles avec la même somme d’argent, mais l’or a tendance à conserver ou même à augmenter sa valeur. Par exemple, lorsque l’inflation européenne est passée de moins de 1 % en janvier 2021 à 10,6 % en octobre 2022, la valeur de l’or a augmenté d’environ 13 %. Il représente également une valeur refuge vers laquelle les investisseurs peuvent se tourner en cas d’instabilité géopolitique ou économique et il aide à diversifier un portefeuille, stratégie qui est abordée dans la prochaine section.
L’histoire du Bitcoin en tant que catégorie d’actif est beaucoup plus courte. En 2008, Satoshi Nakamoto, le pseudonyme du ou des fondateur(s) du Bitcoin, a publié un livre blanc proposant le concept d’une monnaie numérique. Le bloc d’origine (le premier lot de transactions) a été miné en janvier 2009.
Lorsque le Bitcoin a été lancé comme moyen d’échange, il a été reconnu comme réserve de valeur ou « or numérique » même s’il peut sembler avoir peu de points communs avec le métal précieux. Tout d’abord, Satoshi Nakamoto a limité l’offre totale de Bitcoin à 21 millions. 94,14 % ont déjà été mis en circulation et les derniers coins devraient être minés d’ici 2140. Le Bitcoin est également durable grâce à la nature décentralisée de la technologie de la blockchain sous-jacente. Depuis 2009, la disponibilité du réseau s’élève à 99,9 % et la dernière interruption a eu lieu en 2013. Enfin, il est facilement divisible et portable. Sa plus petite valeur, un Satoshi, représente un cent millionième de Bitcoin et les détenteurs peuvent le stocker dans un portefeuille numérique.
La Place Du Bitcoin Dans Un Portefeuille Equilibré
La diversification est une stratégie d’investissement qui implique la répartition du capital dans différentes catégories d’actifs, telles que les actions, les obligations, les espèces et les cryptomonnaies, bien qu’elle soit également applicable à différentes régions du monde et industries. Son but est de minimiser l’impact d’un avoir peu performant sur les retours totaux d’un portefeuille.
La corrélation est un concept clé dans la constitution d’un portefeuille diversifié, car elle mesure le degré d’évolution de deux actifs dans la même direction. Les investisseurs cherchent de plus en plus à s’exposer au Bitcoin, car celui-ci est généralement non corrélé à d’autres catégories d’actifs. D’après CoinShares, depuis 2019, la corrélation du Bitcoin avec le S&P 500, un indice des 500 plus grandes entreprises cotées sur les marchés américains, est relativement faible (30 %), ce qui signifie qu’ils n’évoluent dans la même direction qu’un tiers du temps. Et bien que le Bitcoin ait le statut d’or numérique, sa corrélation avec les métaux précieux physiques est encore plus faible (19 %) depuis 2019.
La quantité de Bitcoins que les investisseurs doivent détenir dépend de leur propension au risque. Une étude de CoinShares, qui évalue également l’impact des différentes allocations sur la volatilité d’un portefeuille (la fluctuation des retours), suggère que l’allocation optimale varie de 4 % à 10 %.
Afin de démontrer l’effet du Bitcoin sur les performances globales, CoinShares a suivi cinq modèles de portefeuille depuis 2017 :
Une allocation standard (60 % d’actions et 40 % d’obligations) ;
Une allocation standard avec 4 % de Bitcoin ;
Le portefeuille « All Weather » de Ray Dalio, en remplaçant l’allocation de 7,5 % en or par du Bitcoin ;
Le portefeuille « Cockroach » de Dylan Grice, en remplaçant l’allocation de 7 % en or par du Bitcoin ;
La stratégie d’investissement du Yale Endowment (qui ne comporte pas d’or), en remplaçant l’allocation de 7 % dans des sociétés civiles de placement immobilier par du Bitcoin.
Comme les résultats ci-dessous l’indiquent (au 15 octobre), l’ajout du Bitcoin à l’un de ces portefeuilles améliore les retours avec un impact limité sur le drawdown maximal (la baisse de valeur la plus importante d’un portefeuille) et la volatilité. La corrélation plus faible démontre également qu’il a grandement amélioré la diversification (par rapport à l’allocation standard).
Un avoir peut parfois surperformer, altérant ainsi l’allocation en actifs du portefeuille et augmentant son profil de risque. Par exemple, si une action spécifique connaît un marché haussier, elle peut faire passer l’allocation dans un portefeuille standard à 70 % d’actions et 30 % d’obligations. Dans ce cas, les investisseurs doivent mettre en œuvre une stratégie de gestion des risques appelée rééquilibrage, qui implique l’achat ou la vente d’avoirs pour revenir à l’allocation initiale.
En savoir plus sur le rééquilibrage.
Conclusion
Le Bitcoin s’est forgé une réputation en tant que réserve de valeur en raison de sa rareté, sa divisibilité, sa portabilité et sa durabilité. Par conséquent, il peut avoir la même fonction que l’or dans un portefeuille : une protection contre l’inflation, une valeur refuge en cas d’instabilité géopolitique ou économique et une source de diversification.
La constitution d’un portefeuille diversifié implique un investissement dans différentes catégories d’actifs et, dans certains cas, dans différents pays et secteurs. Le Bitcoin est une source efficace de diversification car il n’est pas corrélé à d’autres actifs risqués comme les actions. Une étude de CoinShares montre qu’une allocation entre 4 % et 10 % de Bitcoin depuis 2015 a amélioré les performances et la diversification des portefeuilles standard avec un impact limité sur le drawdown maximum et la volatilité.