Le guide Polkadot : [DOT]

Les débuts de Polkadot

Créé par Gavin Wood, le cofondateur d’Ethereum, Polkadot a lancé la Relay Chain (réseau central) en mai 2020 après plusieurs années de recherche et de tests sur des réseaux. Polkadot a été conçu comme un réseau de couche 0 qui relie plusieurs blockchains (parachains) sous un seul réseau de sécurité partagé et fournit une couche de messagerie (XCM) pour l’interopérabilité.

La phase de développement a été dirigée par Parity Technologies, cofondée par Gavin Wood, et supervisée par la Web3 Foundation. Après trois ans de pause, Gavin Wood a annoncé son retour au poste de PDG de Parity Technologies en août 2025.

Principales caractéristiques techniques

Polkadot utilise un mécanisme de type NPoS (Nominated Proof of Stake), ce qui signifie que les validateurs stakent des DOT pour produire des blocs sur la Relay Chain, tandis que les nominateurs délèguent leur mise aux validateurs. La Relay Chain assure la sécurité et coordonne le consensus pour les parachains connectées qui peuvent définir leurs propres règles. Les parachains communiquent via le format de messagerie à consensus croisé (XCM). Les messages peuvent être acheminés vers des réseaux externes via des ponts.

Polkadot est conçu pour être modulaire. Les développeurs utilisent Polkadot SDK pour créer leurs propres blockchains (parachains) et choisir l’environnement de programmation ou le modèle tarifaire qui leur convient. En mai 2025, la Web3 Foundation s’est associée à la société d’infrastructure Asphere pour lancer une boîte à outils qui permet aux équipes de créer leurs propres rollups (des chaînes légères qui reposent sur Polkadot) sans avoir à écrire de code de bas niveau. Ces rollups peuvent être adaptés à différents usages et même transférer des applications Ethereum existantes. La boîte à outils fournit des modèles prêts à l’emploi et gère des tâches complexes telles que le consensus, la sécurité et la gestion des nœuds, afin que les projets puissent rapidement déployer des chaînes hautement performantes qui exploitent les fonctionnalités d’interopérabilité et de sécurité intégrées à Polkadot.

Sa mise à niveau majeure en cours de réalisation, appelée « Polkadot 2.0 », rendra le réseau beaucoup plus flexible. Aujourd’hui, les parachains individuelles doivent remporter un slot fixe pour se connecter à la chaîne centrale de Polkadot. Dans le nouveau système, ces slots sont remplacés par des « composants centraux » que les développeurs peuvent louer selon leurs besoins, un peu comme s’ils achetaient du temps de calcul dans le cloud. La première étape dans cette direction, appelée « backing asynchrone », a déjà permis de réduire de moitié le temps nécessaire à la production d’un nouveau bloc (de 12 à 6 secondes). Elle permet aussi à de nombreuses parachains de traiter des transactions simultanément, ce qui augmente la vitesse du réseau.

Performances du réseau

La vitesse de Polkadot provient de sa chaîne centrale « relay » qui fonctionne en parallèle avec de nombreuses chaînes plus petites.  On peut la comparer à un ordinateur doté de nombreux processeurs fonctionnant simultanément : en répartissant le travail entre plusieurs processeurs, Polkadot peut traiter des centaines de milliers de transactions par seconde. Une récente mise à niveau appelée « backing asynchrone » a réduit de moitié le temps nécessaire pour ajouter un nouveau lot de transactions, le ramenant à environ six secondes, ce qui accélère les confirmations.  La fiabilité du réseau dépend d’un grand groupe de validateurs indépendants (environ 300) qui produisent des blocs à tour de rôle et gagnent des récompenses pour rester en ligne. Alors que l’abandon d’un trop grand nombre d’entre eux pourrait entraîner une baisse des performances, le système de staking est conçu de façon à les maintenir motivés.

En théorie, la Relay Chain est capable de traiter 100 000 transactions par seconde (TPS), la Web3 Foundation s’étant même targuée de plus de 623 000 TPS lors du Consensus Toronto 2025. Selon Chainspect, en août 2025, la blockchain traite environ 8 TPS, avec un maximum enregistré de 462 TPS.

À quoi sert Polkadot ?

Token natif de Polkadot, DOT remplit quatre fonctions principales :

• Frais de transaction : DOT est utilisé pour payer les frais liés aux messages et aux transactions sur la Relay Chain et est brûlé ou transféré à la trésorerie.

• Staking : les validateurs doivent staker des DOT pour participer à la production de blocs, tandis que les nominateurs stakent des DOT pour sélectionner les validateurs.  Les récompenses de staking proviennent de l’inflation et des frais de transaction.

• Gouvernance : les détenteurs de DOT votent lors de référendums pour décider des mises à niveau du protocole, des dépenses de la trésorerie et des changements de paramètres ; la gouvernance on-chain gagnera en autonomie dans l’ère Polkadot 2.0.

• Achats de coretime et garanties : à mesure que le coretime agile sera déployé, les développeurs utiliseront le DOT pour acheter du coretime et sécuriser les rollups ou les parachains.

Écosystème et cas d’utilisation

Polkadot prend en charge un écosystème croissant de dApps et parachains spécialisées.  Selon le communiqué de presse de la Web3 Foundation, en mai 2025, le réseau accueillait plus de 600 projets actifs et plus de 1,4 million de participants dans ses DAO on-chain. Les parachains couvrent la DeFi (Hydration, Bifrost, Moonwell), le gaming (Mythical Games, Unique Network), les NFT, l’identité et le suivi des actifs dans le monde réel.

La conception inter-chaînes permet aux parachains de se connecter aux chaînes EVM via des ponts et à Cosmos via les implémentations Hyperbridge et IBC. Les parachains peuvent également lancer leurs propres rollups.

Atouts et inconvénients

 Atouts :

• Les parachains peuvent évoluer indépendamment et partager la sécurité, tandis que l’évolutivité élastique à venir permettra une allocation dynamique des ressources.

• Les ponts vers Ethereum et Cosmos, ainsi que les rollups sans code, permettent les dApps inter-chaînes.

• Les détenteurs de DOT contrôlent les mises à niveau du protocole et les dépenses de la trésorerie.
  

Inconvénients :

• L’architecture de Polkadot (Relay Chain, parachains, futurs composants centraux) est plus complexe que celle des réseaux à chaîne unique.

• Bien qu’il existe des centaines de projets, la liquidity DeFi et la Total Value Locked de Polkadot restent modestes par rapport à Ethereum ou Solana.  De nombreuses stablecoins importantes (USDT, USDC) ne sont pas émises en natif sur Polkadot, ce qui limite l’efficacité du capital.

• D’autres réseaux modulaires (Cosmos, ICP) et les rollups de couche 2 d’Ethereum offrent une évolutivité et une interopérabilité similaires, de sorte que Polkadot doit rivaliser pour attirer les développeurs et la liquidity.
  

Considérations stratégiques

Polkadot se positionne comme une couche 0 centrée sur les applications qui fournit une infrastructure sécurisée et évolutive pour un ensemble diversifié de blockchains.  En fin de compte, il convient de considérer Polkadot comme une blockchain B2B, et non comme une blockchain grand public. Pour les investisseurs et les développeurs, DOT offre un accès à une plateforme modulaire et multichaîne.  Plutôt que de leur faire directement concurrence, DOT vient compléter Bitcoin et Ethereum : le Bitcoin demeure un actif monétaire, Ethereum est une plateforme de smart contracts dotée d’une DeFi mature et Polkadot fournit un blockspace personnalisable et une communication inter-chaînes.  L’offre inflationniste de DOT finance les récompenses de staking et une trésorerie qui investit dans les mises à niveau du réseau. Les futurs investisseurs devraient évaluer le potentiel de Polkadot 2.0 et la croissance de son écosystème.